Une centaine d'établissements scolaires participeront à l'expérimentation du port de l'uniforme en 2024. Parmi les 59 déjà connus, sept se trouvent dans l'Hérault et les Pyrénées-orientales. Alors que les mairies concernées commencent à penser la tenue de leurs écoliers, le syndicat majoritaire du second degré déplore "une mesure réactionnaire".
Un blazer pour le style ou une tête de taureau comme logo de la ville. Les mairies d'Occitanie ne manquent pas d'idées concernant le futur uniforme de leurs écoliers.
Le premier ministre - alors ministre de l'Education - l'avait annoncé sur Franceinfo au début du mois de décembre : une "expérimentation à grande échelle" de l'uniforme sera mise en place dans une centaine d'établissements scolaires français.
59 sont connus depuis mardi. Et l'Hérault remplit largement sa part, avec six écoles retenues dans les villes de Béziers, Pérols et La Grande-Motte tandis que dans Pyrénées-orientales, le groupe scolaire d'Alembert de Perpignan est aussi selectionné.
Quatre mairies volontaires
L'initiative vient tout d'abord des mairies, qui se sont portées volontaires avant de consulter la communauté éducative.
Béziers est de loin la commune la plus avancée. Quatre de ses établissements scolaires - Mairan, Roland, La Chevalière et Riquet-Renan - sont dans la liste des 59. Pour habiller les enfants les jours d'école, la ville de Robert Ménard a déjà tout prévu. Un pantalon, une jupe ou un bermuda, deux polos, un blazer et un sweat... Le tout orné du logo de la ville.
Le gouvernement dit oui à l’uniforme à l’école sous forme d’expérimentation à #Perpignan et nous accompagnera ! Reste à connaître les modalités d’application….https://t.co/K3JX7ZQfiL
— Louis Aliot (@louis_aliot) December 11, 2023
Perpignan avait immédiatement répondu présent à l'appel du gouvernement. Et la mairie RN ne veut pas attendre septembre 2024. Dans les écoles élémentaire et maternelle d'Alembert, des tenues devraient être distribuées dès le au printemps.
A Pérols, la municipalité imagine une tête de taureau sur le polo des écoliers du groupe scolaire de Font-Martin. La Grande-Motte se veut plus sobre : une blouse, simplement, pour les maternelles de Malraux.
"Une base scientifique"
Le but de cette expérimentation ? Créér "une base scientifique", "un vrai suivi de recherche", savoir ce que l'uniforme "donne comme résultats en matière de climat scolaire et d'élévation du niveau de nos élèves", développait Gabriel Attal sur France info.
Si les résultats venaient à être concluants, l'uniforme pourrait alors être généralisé à la rentrée 2026, dans tout l'Hexagone et les territoires ultramarins qui ne l'ont pas déjà adopté.
"Les études existent déjà", rétorque Guillaume Marsault du syndicat SNES-FSU Montpellier. "Les pédopsychiatres avancent que la construction de l'enfant passe par la liberté de se vêtir".
Au premier syndicat du second degré, "on est globalement opposé à l'uniforme", résume le professeur d'histoire au lycée Simone Veil de Gignac.
C'est une mesure d'affichage qui ne résout aucun des réels problèmes de l'éducation nationale, à savoir les problèmes de recrutement, le manque de moyens...
Guillaume Marsault, SNES-FSU Montpellier
"Une mesure réactionnaire"
Selon lui, l'uniforme est "en aucun cas un gage d'égalité". Si le coût de l'expérimentation à venir est financé conjointement par l'Etat et les mairies, l'uniforme pourrait in fine revenir à la charge des familles s'il était généralisé dans tout le pays.
"Aux Antilles, on observe que les enfants de familles aisées ont un t-shirt par jour et que la tenue des enfants de familles pauvres est délavée dès l'automne", témoigne celui qui a enseigné 13 ans en Guadeloupe.
Le SNES-FSU dénonce enfin "une mesure réactionnaire" et "une main tendue à l'extrême droite". L'uniforme à l'école faisait partie des promesses de Marine Le Pen en 2022. Dans l'Hérault et les Pyrénées-orientales, les quatre mairies candidates à l'expérimentation du gouvernement sont classées à droite et à l'extrême droite : RN, LR et UDI.