Des usagers du Vélib' en colère, des salariés en grève, la mairie de Paris qui tape du poing sur la table, Smovengo, l'opérateur héraultais choisi pour déployer le dispositif de vélos dans la capitale, a en urgence présenté un "plan de sortie de crise".
Le consortium, à la demande des élus, s'est engagé "à rendre public un plan de sortie de crise dans lequel ils détailleront les mesures qu'ils vont prendre et leur calendrier", a annoncé mercredi soir, après des mois de ratés, la mairie de Paris.
Le groupement Smovengo, comprenant Smoove une PME de Montpellier, Mobivia (Norauto, Midas), l'Espagnol Moventia et les parkings Indigo, espère ainsi trouver une solution à la crise.
Un plan d'urgence en 3 étapes
Il prévoit le remplacement de milliers de vélos bloqués et le retrait temporaire des vélos électriques de sa flotte.
"La situation est mauvaise et n'est pas acceptable" a reconnu sans détour Jorge Azevedo, le directeur-général de Smovengo.
Pour y remédier, il a défendu devant la presse un "plan d'urgence" en trois étapes.
- D'ici au 8 mai, l'opérateur s'engage à remplacer environ "3.000 vélos" bloqués par des problèmes techniques sur environ 9.000 déployés. Et si Smovengo a assuré en avoir déjà remplacé près de 2.000, M. Azevedo reconnaît qu'il pourrait y avoir davantage de vélos défectueux à remplacer courant mai. Par ailleurs, Smovengo n'ouvrira plus de stations fonctionnant sur batterie, initialement pensées pour pallier les problèmes de raccord au circuit électrique de la ville, mais qui posent trop de problèmes de maintenance. Les stations existantes seront maintenues et progressivement électrifiées selon l'opérateur.
- Deuxième étape, le groupe mettra en place d'ici fin juin un système "simplifié", retirant temporairement ses vélos électriques. Ils seront progressivement réintroduits lorsque l'ensemble des stations mises en services seront "électrifiées" (fonctionnant sans batterie, ndlr). Le système "Park+", permettant de stationner son vélo dans une station déjà pleine, est lui aussi suspendu, car causant trop d'engorgement. Autre objectif pour la fin juin: "avoir 800 stations dont 80% électrifiées". Aujourd'hui, environ 670 stations sont en place dont 400 fonctionnent sur batterie, un chiffre très éloigné de l'objectif initial de 700 stations au 1er janvier et de 1.400 fin mars selon les chiffres du Syndicat Autolib' Velib' Metropole gestionnaire (SAVM).
- Enfin la dernière étape, celle de la mise en place des 1.400 stations prévues et de toutes les fonctionnalités qui vont avec, Smovengo la renvoie pour l'instant à un "plan de redéploiement défini avec le SAVM, la mairie de Paris, et la Métropole une fois le fonctionnement du service stabilisé".
A partir de la semaine prochaine, se tiendra une réunion hebdomadaire de "suivi de mise en oeuvre du plan", a précisé jeudi à la presse Catherine Baratti-Elbaz, présidente du SAVM.
Un service "quasi inexistant"
Les dirigeants de Smovengo ont "reconnu leur part de responsabilité" et "réaffirmé +leur totale détermination+ à résoudre cette crise et à respecter les modalités du contrat", selon les élus.
Depuis le début du déploiement, des problèmes d'électrification des bornes nécessaires à faire fonctionner le parc de 30% de vélos électriques a amené Smovengo à équiper les engins de batteries, elles-mêmes peu fiables et sans maintenance depuis la grève.
Des bugs multiples dans l'accrochage et le décrochage des vélos, le service client débordé, l'utilisation peu claire du service, etc, suscitent depuis des mois la colère des usagers d'un système qui faisait depuis 2007 la fierté de la capitale.
100.000 abonnements perdus pour 30.000 nouveaux abonnés en 4 mois
Le nombre de stations opérationnelles est très éloigné de l'objectif initial de 700 stations au 1er janvier et de 1.400 fin mars sur Paris et les 60 communes adhérentes, selon les chiffres du Syndicat Autolib' Velib' Metropole gestionnaire.
Fin avril, 190.000 abonnés sur les 290.000 que comptait l'ancien Vélib' gris avaient renouvelé leur abonnement, auxquels s'ajoutent 30.000 nouveaux abonnés, selon le syndicat mixte.
Par ailleurs, "depuis dix jours, le service Vélib' est quasi inexistant", ont constaté les élus en évoquant la grève suivie depuis le 17 avril par 85% des 115 salariés, selon la CGT.
Plusieurs dizaines de ces salariés, équipés de leur gilet orange de travail, se sont rassemblés jeudi matin devant l'Hôtel de Ville de Paris pour demander le maintien des avantages sociaux dont ils bénéficiaient auparavant chez Cyclocity, filiale de JCDecaux, selon la CGT.
Après avoir reçu les salariés, le groupe UDI-MoDem a demandé mercredi au Syndicat mixte de "favoriser la sortie de crise" en convoquant toutes les parties autour d'une même table.
L'opposition municipale, qui fustige le "fiasco Vélib'" depuis des mois, devait à nouveau évoquer la question jeudi devant le Conseil de Paris, actuellement en séance.