Alors que l'aéronautique est l'un des secteurs d'activité les plus critiqués pour son impact environnemental, les constructeurs rivalisent d'ingéniosité pour tenter de réussir leur transition écologique. Un prototype très avant-gardiste était justement en démonstration à Candillargues, dans l'Hérault.
L'aéronautique aussi se met à l'électrique ! Sur le tarmac de l'aérodrome de Candillargues, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Montpellier (Hérault), une caravane est sur le point d'accoucher d'un avion assez atypique : l'Elektra Trainer. Un des tout premiers motoplaneur tout électrique, qui dispose de 2h et demi d'autonomie, pour quelques 600kg (batteries incluses).
"Jusqu'ici, l'autonomie de la plupart des avions électriques était de 40 minutes à une heure, explique sur place Alain Denis, pilote de planeur, à France 3 Occitanie. Là, on a une belle autonomie et une belle voilure qui nous permet de voler assez loin."
Un prix dissuasif ?
Pendant l'heure d'assemblage, le prototype venu d'Allemagne attise la curiosité des passionnés. Seule ombre au tableau pour l'instant, le prix : 200 000 €, soit près du double de son équivalent thermique.
"Il faut garder à l'esprit que nous ne sommes qu'au début des avions électriques, tout comme pour les Tesla (les voitures électriques du constructeur automobile éponyme, aujourd'hui dirigé par le milliardaire Elon Musk, ndlr) qui était auparavant beaucoup plus cher que maintenant, relativise le passionné. On peut donc espérer que le prix descende."
Mais pour ça, il faut des commandes, alors l'entreprise allemande a envoyé son pilote d’essai réaliser des démonstrations dans les aéroclubs. "Le public cible, ce sont les écoles de pilotage, avec les cours d'ULM, mais aussi bientôt les pilotes de planeur et d'avion classique", précise Uwe Nortmann, pilote d'essai pour le constructeur allemand Elektra Solar.
Le bruit, enjeu de santé publique
La machine devrait être homologuée dès l'année prochaine dans le ciel français et pourra être pilotée par les détenteurs de licences ULM, avec tout de même une formation spécifique.
"Quand on met les gaz, la puissance arrive de manière très soudaine, comme dans une voiture électrique, poursuit en souriant le testeur. Il faut surveiller sa gestion des gaz, car on a qu'une certaine quantité de kilowatts dans les batteries, comme avec un réservoir d'essence. Donc, quand les batteries sont vides, mieux vaut atterrir."
Mais cette fois pas d'urgence, le pilote se pose rapidement, et son passager nous fait remarquer un autre aspect du moteur électrique. "C'est très agréable, plus silencieux qu'un avion, à tel point qu'on peut se passer du casque pour communiquer dans le cockpit, témoigne au retour Philippe, amateur d'aéronautique. L'atterrissage a été un peu vif, mais à part ça, c'était bien."
Des avions moins polluants mais aussi moins bruyants, de quoi améliorer les relations de voisinages des aéroclubs. La pollution sonore, toutes sources confondues, est en effet considérée comme un problème de santé publique. Selon un rapport de l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) de 2021, sur les 147,1 milliards d’euros annuels du coût social total du bruit en France, le bruit aérien en représente 6,1 milliards (soit 4,1%), sur la base des données et études existantes.