Le procès de la faculté de droit de Montpellier, qui a débuté jeudi 20 mai, a été marqué par une interview exclusive, réalisé par une de nos équipes de France 3 Languedoc-Roussillon. On peut y voir Philipe Pétel, légitimer le recours à la violence. Un interview au coeur du procès.
L’audience a été marquée par la diffusion de certains extraits d’une interview de Philippe Pétel, enregistré le 23 mars 2018 par une de nos équipes de France 3 Languedoc-Roussillon au lendemain des violences commises par le commando d’extrême droite. On peut y voir l’ancien doyen qui justifie et légitime les violences commises. Nous dévoilons aujourd’hui cette interview dans son intégralité.
Au lendemain des faits, Philippe Pétel, affirme à nos journalistes que les assaillants cagoulés sont des étudiants en droit désireux de libérer leur amphithéâtre pour reprendre les cours. « Les étudiants en droit n’appréciaient pas d’être pris en otage » affirme alors Philippe Pétel qui partage visiblement les motivations des assaillants : « C’est une faculté ou on n’accepte pas la chienlit. Je crois que c’est l’opinion générale du corps professoral et des étudiants. »
« Écoutez, il faut ce qu’il faut. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Il fallait absolument évacuer pour que l’activité de la faculté puisse reprendre. C’était une situation ingérable, intolérable. On ne peut pas le tolérer.»
Il va même jusqu’à justifier l’emploi de la force : « C’est ce qui se passe quand l’Etat démissionne. Il y a des gens qui se prennent en charge. Et moi je suis assez fier de mes étudiants. Je les approuve totalement. »
Notre journaliste, Caroline Agullo, lui demande alors si la violence était justifiée ? Sa réponse est sans appel. « Écoutez, il faut ce qu’il faut. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Il fallait absolument évacuer pour que l’activité de la faculté puisse reprendre. C’était une situation ingérable, intolérable. On ne peut pas le tolérer.»
Philippe Pétel avoue avoir agi par "désespoir"
En réalité, c’est Philippe Pétel qui a donné l’accès au commando violent, en leur donnant notamment accès au parking de la faculté. Une implication qu’il justifie par un « sentiment d’abandon des forces de l’ordre. » « J’ai dû dire oui par désespoir après une journée épuisante, j’ai baissé les bras. Avec le recul, c’est une erreur, ce n’était pas raisonnable » affirme-t-il.
« J’ai dû dire oui par désespoir après une journée épuisante, j’ai baissé les bras. Avec le recul, c’est une erreur, ce n’était pas raisonnable »
Philippe Pétel, ex-doyen de la faculté de droit de Montpellier est poursuivi devant le tribunal correctionnel pour complicité de violences volontaires en réunion. Le procureur de la république a requis contre lui 18 mois de prison avec sursis ainsi qu’une interdiction de travailler dans la fonction publique pendant une durée de trois ans. Le jugement sera rendu le 2 juillet 2021.
Rappel des faits
Dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 mars 2018 une soixantaine d’étudiants, venus de diverses facultés, occupent l’amphithéâtre A de la faculté de droit de Montpellier. Les étudiants sont alors en grève partout en France pour protester contre la réforme de Parcoursup.
Une dizaine d’hommes cagoulés font alors irruption dans l’amphithéâtre. Munis de bâtons, de taser ou de morceaux de palettes, ils frappent des jeunes, au hasard, parfois à terre. Les cris fusent et en à peine plus de cinq minutes l’amphithéâtre est évacué.
Selon le procureur de la République, dix personnes ont été légèrement blessées lors de l'intervention du commando : "Quatre avec une interruption de travail temporaire d'une journée et six avec zéro ITT."