Avant les années 1960, les principaux habitants de la côte languedocienne étaient... les moustiques ! Il a fallu un projet d'ampleur national, piloté par le Général de Gaulle et Georges Pompidou pour construire les stations balnéaires d'aujourd'hui.
Dans les années 60, quand les Français prennent la route des vacances, c'est en Espagne, vers la Costa Brava qu'ils se dirigent. Ils délaissent le littoral languedocien, infesté de moustiques.
Devant ce constat et pour stopper la fuite de nos capitaux vers l'étranger, le Général de Gaulle et Georges Pompidou imaginent un projet gigantesque, l'aménagement des côtes du Languedoc-Roussillon. Ils espèrent construire huit stations balnéaires et une vingtaine de ports entre la Camargue et l'Espagne, sur 200 kilomètres.
"Ils nous ont donné un accord de principe en nous disant : Allez essayez !"
Le projet est baptisé "Mission Racine". Il doit son nom à Pierre Racine, son meneur. Il prend la route du Sud avec Pierre Reynaud, le secrétaire général du projet. Leur objectif : convaincre les élus locaux.
60 ans plus tard, Pierre Reynaud se remémore : "Ils nous ont reçu avec un peu de scepticisme, ils disaient : ils parlent, laissons les faire, ils n'arriveront à rien. Ils étaient convaincus que sur le littoral il y avait trop de moustiques, trop de vent, pas assez d'eau. Ils nous ont donné un accord de principe en nous disant : Allez essayez ! "
Du côté de l'exécutif, on est déterminé. Il faut bâtir des stations entre mer et soleil pour un tourisme de masse. Pour Robert Poujade, ministre de l'Environnement à l'époque, c'est une priorité. "Il faut faire en sorte que le plus de gens s'installent, construisent, s'installent alors nous aurons la rentabilité maximum. Nous sommes partis dans une action que nous ne pourrons pas arrêter et c'est fort heureux pour la région elle-même et pour la France".
Chasser les moustiques pour ériger la Grande-Motte
Le combat démarre par la chasse aux moustiques. Puis les zones marécageuses sont comblées, on creuse les ports, on construit des routes et on amène l'électricité. Le général de Gaulle se rend en personne constater l'aménagement du littoral.
Peu à peu, la Grande-Motte accouche d'une architecture moderne et avant-gardiste, celle de Jean Balladur. "J'avais toujours ressenti que soit des horizontales, des barres, soit des verticales, des tours, ça détruit un paysage plat. Et c'est en réfléchissant assis sur des dunes, un crayon à la main que petit à petit le mouvement des pyramides est venu et m'a aidée à associer l'horizontalité du paysage et l'architecture."
Près de 60 ans plus tard, 8 500 personnes habitent les lieux et l'été plus de 110 000 touristes fréquentent la station. Mais au-delà de la Grande-Motte, c'est l'ensemble du littoral languedocien qui a été transformé, il est aujourd'hui le plus visité de France