La ville de Montpellier durcit sa législation contre le protoxyde d'azote. Depuis ce 16 septembre, la vente, la consommation et la détention de ce gaz hilarant sont interdites sur la voie publique. Une mesure forte pour contrer un phénomène en pleine expansion chez les jeunes.
Depuis ce lundi 16 septembre 2024, la ville de Montpellier a interdit la détention, la consommation et la vente de protoxyde d’azote, aussi appelé gaz hilarant, sur la voie publique. Cette décision intervient après une série de mesures déjà prises par la municipalité pour lutter contre l’usage détourné de ce gaz, particulièrement répandu chez les jeunes.
Devant un lycée montpelliérain, des élèves, interrogés par France 3 Occitanie, confirment que ce phénomène est bien connu et largement répandu dans les lieux publics, notamment les parcs et aux abords des établissements scolaires.
« On en voit beaucoup. Il y a beaucoup de bonbonnes par terre au parc... la semaine dernière, il y en avait qui prenaient des ballons à la pause de midi », explique un élève à la sortie des cours.
Un autre jeune exprime son inquiétude quant aux effets de cette pratique : « c'est très grave. Je trouve que ça leur nique le cerveau en 2 secondes. Ils pensent qu'ils sont bien pendant 10-15 secondes, mais après ça les impacte. »
Une substance initialement destinée à la cuisine
Le protoxyde d’azote, couramment utilisé dans le domaine culinaire pour les siphons à Chantilly, est depuis quelques années détourné à des fins récréatives. Son inhalation provoque une brève euphorie de quelques secondes, mais elle n'est pas sans risques. D’après les services de la ville, l’utilisation du gaz peut entraîner des troubles moteurs, une altération de la perception, et dans certains cas, des convulsions.
Face à l’augmentation de cette pratique, la municipalité de Montpellier a décidé de renforcer son dispositif de lutte. En plus de l’interdiction de vente aux mineurs, en vigueur depuis 2020, un nouvel arrêté municipal interdit désormais la vente du protoxyde d'azote en dehors des commerces spécialisés. Selon un communiqué des services de la ville, l’absence de réglementation nationale a poussé la municipalité à agir dans le cadre de ses pouvoirs de police pour "prévenir les désordres et nuisances portant atteinte à la santé, à la tranquillité et à la salubrité publiques".
Un "sentiment d'ivresse"
Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, justifie cette décision auprès de France 3 Occitanie.
« Quand des produits mettent en danger la vie des autres, stop ! On se retrouve à avoir des gens qui mettent en danger les autres à l'entrée des écoles, à la sortie des lycées... des types qui conduisent, qui prennent le ballon... Ils ont un sentiment d'ivresse pendant 30 secondes, mais ça, ce n'est pas responsable ! »
Les épiceries de nuit sont particulièrement visées par cette nouvelle mesure. Malgré l’interdiction de vendre du protoxyde d'azote aux mineurs, certains commerces continuent de proposer ces cartouches sans restriction. "Plusieurs fermetures administratives de commerces – en majorité des épiceries de nuit - ont été ordonnées pour ventes illégales", indique la mairie dans son communiqué. Des contrôles seront réalisés prochainement dans les 200 épiceries de nuit de Montpellier, selon les autorités locales.
La consommation de protoxyde d’azote est devenue la deuxième drogue la plus consommée par les jeunes de 13 à 25 ans, après le cannabis. En plus des risques pour la santé, l’abandon des cartouches usagées sur la voie publique pose un problème environnemental. Dans plusieurs quartiers de la ville, les habitants ont exprimé leur ras-le-bol face à la multiplication des déchets et ont adressé des plaintes aux services de police municipale et nationale pour atteinte à la sécurité et à la tranquillité publiques.
Ecrit avec Brian Bock.