Épuisés par leurs nouveaux horaires de travail, certains agents de sécurité du CHU de Montpellier seront en grève le 12 mars. Selon la CGT, les futurs grévistes auraient subi le chantage de la direction. Sollicité, le centre hospitalier nie ces accusations et réaffirme son attachement au droit de grève.
Ils ne soignent pas mais sont pourtant indispensables au fonctionnement d'un hôpital. Les agents de sécurité du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Montpellier seront en grève le mardi 12 mars 2024.
À la source de leur mécontentement : un nouveau planning de travail. Mis en place en décembre 2023 sur le site de l'hôpital Saint-Eloi, au nord de la ville, ce dernier demande aux employés d'alterner des horaires de jour et d'autres de nuit dans une même semaine.
"Des zombies"
Trois mois plus tard, certains agents de sécurité accusent le coup. "On est des zombies", affirme avoir entendu la CGT, après qu'ils ont enchaîné plusieurs vacations décalées. Le syndicat décide alors de transmettre une pétition aux employés des PC sécurité incendie. En réponse : 90% des interrogés s'opposent à ce nouveau rythme de travail.
À Saint-Eloi, le planning aurait été décidé sans l'aval du Comité social et économique (CSE), selon la CGT, qui compte de ce fait l'invalider. Le syndicat espère aussi empêcher que les mêmes horaires soient imposés sur le site de l'hôpital Lapeyronie.
La direction des ressources humaines du CHU de Montpellier a répondu à nos questions par écrit. "Les revendications des équipes relayées par la CGT ont bien été prises en compte", assure le service, qui ajoute qu'une réunion de concertation est programmée la veille de la grève, le lundi 11 mars.
Des réunions de travail ont d’ores et déjà été initiées avec les équipes en vue d’adapter l’organisation du temps de travail aux exigences de ce secteur.
La direction des ressources humaines du CHU de Montpellier
"Vous n'aurez plus qu'à aller bosser chez Gifi"
Quoi qu'il advienne du litige concernant les nouveaux plannings, la CGT tient aussi à dénoncer "les pratiques d'intimidation" qui auraient été pratiquées par l'encadrement à l'approche de cette grève.
Selon le syndicat, il aurait été dit aux CDD - 1/3 des agents de sécurité - qui comptent débrayer le 12 mars que leur contrat ne seraient pas reconduits. "Vous n'aurez plus qu'à aller bosser chez Gifi si vous faîtes grève", aurait-il été dit à un employé en contrat à durée déterminée.
De leur côté, les agents de sécurité fonctionnaires se seraient vus promettre des avantages - notamment sur leur avancement de carrière - s'ils consentaient aux nouveaux horaires.
Sollicitée sur cette question, la direction des ressources humaines répond : "Le droit de grève est garanti à tous et le CHU de Montpellier met tout en œuvre pour permettre aux agents hospitaliers qui le souhaitent de pouvoir l’exercer dans le respect des prescriptions juridiques en la matière ; que ces agents soit titulaires de la fonction publique, contractuels en contrat à durée déterminée ou indéterminée."
Des fonctionnaires "précaires" et "méprisés"
"C'est inacceptable", poursuit Pierre Renard au sujet du chantage qu'il persiste à dénoncer. Syndicaliste CGT au CHU de Montpellier, il regrette que les fonctionnaires de catégorie C soient "précaires" et "méprisés". D'autant que "la mise en difficulté de ces employés impacte aussi la sécurité du personnel et des patients sur le site."
Au CHU de Montpellier, il manquerait vingt postes à temps plein pour sécuriser l'ensemble des sites, toujours selon la CGT. La direction fait donc régulièrement appel à des entreprises privées, "une pratique devenue régulière au niveau national", selon Pierre Renard.
Un agent de sécurité hospitalier touche environ 1 700 euros net par mois.