C'est par une lettre ouverte à Michaël Delafosse que Sylvain Carrière et Nathalie Oziol, deux députés LFI-NUPES de l'Hérault, réclament la suspension de la ZFE de Montpellier. Ils mettent en avant le caractère "injuste" de cette mesure environnementale et détaillent un argumentaire en faveur de plus de transports en commun.
Cette demande de suspension de la ZFE de Montpellier intervient au moment où la métropole de Lyon a fait le choix de reporter de 2 ans l’application de la sienne et où le maire RN de Perpignan vient de faire voter une motion contre l'application de la ZFE dans la préfecture catalane en 2025.
ZFE : "la double peine"
Pour les deux parlementaires de l'Hérault, la mise en place progressive de la ZFE de Montpellier jusqu'en 2028 est "une injustice d'ampleur". L'application de cette mesure anti-pollution et sanitaire a débuté le 1er juillet 2022 mais les sanctions et amendes ne seront pas effectives avant le 1er août 2023.
Dans leur lettre ouverte au maire de Montpellier et président de la métropole, ils expliquent que Michaël Delafosse "peut décider du déroulement des opérations" jusqu'à l'application obligatoire de la ZFE au 1er janvier 2028... donc suspendre ou reporter les prochaines étapes.
Aggravation des inégalités sociales
C'est le premier argument. Selon Sylvain Carrière et Nathalie Oziol, la ZFE va pénaliser les plus pauvres, d'autant que le système d'attribution des vignettes Crit'Air est "mal conçu".
"Les véhicules datant de 2010 ou avant n’auront plus le droit de rouler dans Montpellier et ses alentours à partir de 2025. Les vignettes Crit’Air sont mal conçues puisqu’elles se basent uniquement sur l’année de mise en circulation et du type de carburant, ne considérant ni le poids ni la puissance du véhicule. Ainsi, un SUV de 2022 consommant 15L/100km pourra rouler en toute légalité dans une ZFE, tandis qu’une personne avec une Clio de 2011 (6L/100km) s’exposera à une amende. Cette mesure punitive va renforcer la défiance des gens à l’égard de l’écologie".
Il faut plus de transports collectifs
Les élus demandent qu'avant de restreindre l'accès automobile à la métropole, les transports urbains en commun soient développés.
"Ils apparaissent comme une alternative évidente parce qu’ils sont accessibles à tout le monde. A ce titre, le dernier rapport de la Chambre régionales des comptes d’Occitanie portant sur l’activité de la TAM est explicite. Il y est fait constat d’une «diminution de la fréquence des bus et des trams à Montpellier depuis la mise en place de la gratuité en juillet 2021». Le réseau de bus est également sous-doté, alors qu’il est souvent le seul recours là où il n’y a pas de tramway".
Ils dénoncent aussi des transports dans les communes limitrophes à Montpellier qui sont sous-dotés également.
Ce dispositif de ZFE à Montpellier est inaudible et incompris. Nous ne sommes pas contre mais il faut un moratoire pour son application et surtout des alternatives, comme des parkings-relais et de meilleures dessertes de transports publics. Il n'y a pas d'urgence à l'imposer et à verbaliser avant 2028. De plus, il faut harmoniser les ZFE, celle de Montpellier par exemple ne fonctionne pas comme celle de Toulouse.
Sylvain Carrière, député LFI de la 8ème circonscription de l'Hérault.
Une hypocrisie sanitaire ?
Enfin, les députés pointent des antagonismes entre le développement du réseau routier autour de la ville et l'interdiction du centre-ville, d'autant que de nombreuses exceptions et exclusions existent.
"Nous dénonçons l’hypocrisie qui consiste à promouvoir la ZFE comme une mesure de santé publique alors que, dans le même temps, métropole et département se prononcent en faveur de la construction de multiples projets routiers qui vont accroître la circulation, à l’instar du LIEN ou du COM. De même, il est tout à fait absurde que l’autoroute récemment dédoublée A9/A709, qui constitue une source d’émissions de particules fines importante, échappe complètement aux restrictions liées à la ZFE".
Les deux élus appellent Michaël Delafosse à prendre ses responsabilités et à "suspendre sans délai l’application de la ZFE tant que des alternatives accessibles n’auront pas été mises en place".