La Zone à faible émission tout juste mise en place par la métropole de Montpellier fait débat à l'ouest de l'agglomération. Trop vite appliquée, sans prendre en compte les difficultés de déplacements dans les communes alentours, disent élus et habitants. S'ils ne remettent pas en cause cette mesure de santé publique, qui vise à réduire la pollution de l'air, ils ont exprimé leurs inquiétudes dans une réunion publique.
Dans la salle municipale de Grabels, près de Montpellier, des habitants inquiets. La ZFE, Zone à faibles émissions, est au centre de toutes les interrogations. Créées pour lutter contre la pollution de l’air par les gaz d’échappements des voitures les plus polluantes, son instauration par Montpellier 3M est mal vécue par les habitants de l’ouest de Montpellier.
S’ils ne s’opposent pas du tout à cette mesure de santé publique, mais ils se sentent en revanche piégés par son application rapide et brutale.
"Ici, explique Jean Pierre Joulin, un habitant de Grabels (34), "les familles ont en moyenne deux voitures. Moi j'en ai une qui a 12 ans et une autre qui en a 18. Elles roulent très bien, je ne vais pas en changer."
Depuis le 1er janvier 2023, les véhicules les plus anciens, ceux qui ont une vignette Crit'Air 5, ne peuvent plus rouler dans la métropole. Suivront les Crit'Air 4,3 puis 2 pour ne laisser l'accès qu'aux vignettes Crit'Air 1 et aux véhicules électriques en 2028.
Changer d'automobile ne serait ni une solution économiquement viable ni écologiquement responsable pour la plupart des habitants réunis à Grabels. Et les transports en communs sont loin d'être à la hauteur pour l'instant. Des bus-tram, ou bus à haut niveau de service, ne seront mis en service qu'en 2025.
J'ai 75 ans et j’habite à 2 kms et demi du tramway. On aurait dû faire la ZFE à partir de 2025 quand il y aura les bus tram, avant c’est ridicule.
Annick Ollier, habitante de Grabels
Un avis partagé par les élus, présents lors de la réunion publique. "Le questionnement des ZFE, ça s’est fait très vite, en 3 mois. Il faut d’abord donner des alternatives de transport en commun aux gens", renchérit Livia Jampy, suppléante du député LFI de la 8ème circonscription de l'Hérault.
René Revol, le maire LFI de Grabels, vice-président de la métropole de Montpellier, est catégorique : il faut revoir l'application de la ZFE, "d'autres métropoles le font, comme Lyon, Montpellier doit s'y mettre aussi."
Pour l'instant, l'agglomération de Montpellier n'envisage aucune modification du calendrier prévu et a assuré à plusieurs reprises que ses agents feraient preuve de pédagogie avant de distribuer des amendes aux contrevenants.
De quoi alimenter les discussions des prochaines séances du conseil de la Métropole.