Municipales 2020 : la gauche gardera-t-elle son bastion historique de Clermont-l'Hérault ?

Entre les grands sites du Lac du Salagou et du Cirque de Mourèze se joue une bataille politique cruciale pour la gauche héraultaise : gardera-t-elle son bastion historique de Clermont-l'Hérault ? Le maire sortant, au bilan très critiqué, se représente face à au moins 5 autres candidats.
 

Bienvenue dans une place forte de la gauche : Clermont-l'Hérault, 8.852 habitants au recensement de 2017, un cœur urbain au milieu d'une économie verte, celle des vignes et des oliveraies. Ce cœur balancera-t-il vers une autre tendance politique à l'issue des élections municipales de mars 2020 ?
 


Prudents, les candidats voudraient bien se passer d'étiquette : aucun n'en affiche une, même si chacun revendique des valeurs.


Un maire sortant au bilan très critiqué


Ces prétendants ont bien l'intention de ravir son fauteuil au Divers Gauche Salvador Ruiz. Elu en 2014, il brigue un second mandat, malgré les dissensions dans sa majorité qui s'est réduite comme peau de chagrin au fil des 6 ans écoulés.

Le maire sortant affirme avoir appris de ses déboires politiques et en avoir tiré des leçons pour le mandat à venir. Critiqué aussi pour avoir tardé à prendre à bras le corps la dégradation du centre ancien (un habitant est décédé à l'automne 2019 dans l'incendie et l'effondrement de son logement insalubre), Salvador Ruiz promet également de passer à l'action pour revitaliser le cœur de ville s'il est réélu :
 

Je veux oublier les côtés négatifs du dernier mandat : on a un beau projet et on va avancer. On vient de signer avec la Région Occitanie un contrat "Bourgs-Centres", donc automatiquement, on va obtenir des financements.


Un avocat plaide contre "le déclassement" de la ville


Mais pour Jean-Luc Barral, le temps de l'alternance est venu. Cet avocat se lance pour la première fois en politique après des années passées à la tête de la plateforme d'aide au financement de projets locaux "Initiative Cœur d'Hérault". Issu d'une vieille famille clermontaise de droite, lui se définit comme "un bon centriste". Il mise sur l'économie pour endiguer ce qu'il appelle "le déclassement de Clermont-l'Hérault".

Car selon Jean-Luc Barral, la commune est en train de perdre son rôle de locomotive du centre-département :
 

Nous devons faire attention à ne pas devenir le dortoir de quelqu'un d'autre [de Montpellier Métropole NDLR] et rester, avec tout le cœur d'Hérault, un lieu de vie. Donc il faut aider les gens, surtout les primo-créateurs d'entreprises, les installer et aller "vendre" le territoire.


Sécurité, propreté : le credo du centre droit


De son côté, la liste "Agir pour Clermont l'Hérault", avec à sa tête Michelle Guibal, revendique des valeurs de centre droit. Cette ancienne conseillère de banque, elle aussi novice en politique, veut surtout changer l'image de la ville, en décrochant le label "Ville active et sportive" et en réhabilitant, elle aussi, le centre ancien :
 

Nous allons soutenir et aider l'installation de nouveaux commerces dans le centre ville qui s'est dégradé. Et puis ce qui remonte des citoyens, c'est la sécurité et la propreté. Là, ce sera tolérance zéro.


La vice-présidente du Département à l'offensive


La candidate a misé sur des locaux bien visibles en cœur de ville. Ce n'est pas le choix de Marie Passieux. Pour la vice-présidente du Conseil départemental de l'Hérault, pas de permanence ni de tract, mais du contact direct dans cette ville de Clermont-l'Hérault où elle est implantée depuis 25 ans et où elle siège au conseil municipal, dans l'opposition au maire actuel.

Si Marie Passieux est encartée au Parti Socialiste, ce n'est pas le cas de tous ses co-listiers. La candidate préfère évoquer "des valeurs de gauche" pour qualifier sa liste. Son programme se décline en 4 thèmes principaux :
 

Il faut d'abord qu'on se rassemble parce que ces dernières années, ça a été compliqué. Ensuite, on est dans un moment où la démocratie participative doit réellement prendre. On doit aussi reconquérir le centre ville, parce qu'on a besoin de revenir au "local". Et puis le défi du XXIème siècle, c'est l'écologie et la transition énergétique et numérique. Tous ces enjeux appellent des réponses transversales.


La liste citoyenne de Gérard Bessière veut faire de la politique autrement


La démocratie participative, Gérard Bessière a décidé de l'appliquer dès la constitution de sa liste, sans attendre le résultat de l'élection. Sur le modèle de La Fabrique Citoyenne, il a organisé 11 ateliers réunissant 400 participants qui ont émis 550 propositions à partir desquelles a été élaboré un projet municipal.

Conseil citoyen, charte de déontologie, limitation des indemnités du maire et des adjoints sont parmi les propositions de Gérard Bessière, dont la mère a été élue au conseil municipal sous 3 mandats avec le sénateur-maire Radical Marcel Vidal. Ce jeune retraité, ancien du ministère de la Jeunesse et des Sports et ex-directeur d’Administration et Inspecteur Général, cite également l'aménagement du centre, le changement du plan de circulation, la propreté et l'écologie :
 

Je viens d'une famille qui a toujours eu le regard tourné vers les autres, jamais centré sur elle-même. Nous nous sommes construits à partir d'une démarche participative, 30 co-listiers sur 31 sont des nouveaux venus en politique. Mais notre engagement, s'il est transpartisan, n'est pas apolitique. Nous occupons une centralité locale.


Un candidat policier mixe social et sécurité


Enfin un dernier prétendant s'est aussi déclaré pour ces élections municipales à Clermont-l'Hérault : il s'agit du chef de la police municipale de Montpellier Georges Elnecave, dont le programme est très axé sur la lutte contre l'insécurité. Le fondateur du "collectif des quartiers solidaires de Montpellier" plaide également en faveur d'une aide accrue au secteur associatif et sportif et des acteurs engagés auprès de la jeunesse.

Avec 6 listes et l'éparpillement des voix qui pourrait en résulter, l'issue du scrutin n'a jamais paru aussi incertaine à Clermont-l'Hérault.
 
Clermont-l'Hérault en quelques dates et chiffres
Située à 40 kilomètres de Montpellier, à mi-chemin entre la Méditerranée et les Cévennes, Clermont-l'Hérault est traversée par la Lergue et le Salagou.

La commune comptait 8.852 habitants au recensement de 2017 (avec une croissance démographique de 2 à 3% par an depuis 1975).

Le taux de chômage était de 22,5% en 2016 (derniers chiffres INSEE disponibles) malgré la présence de près de 800 entreprises dont une base logistique Système U depuis 2012.

L'économie du bassin d'emploi est basée sur l’oléiculture, la viticulture et le tourisme autour des grands sites du cirque de Mourèze et du lac du Salagou (capacité en ville : 1700 lits).

Bastion de la gauche depuis 1949 (d’abord le sénateur-maire Radical Marcel Vidal puis 2 maires socialistes de 1971 à 2014 et enfin un maire DVG depuis 2014).

Mais les 2 dernières élections ont vu la montée en puissance du Rassemblement National :

Résultats des élections législatives de 2017 sur la ville :
 
  • TOUR 1 : Ph. Huppé (LREM) (30,38%), G. Ardinat (RN) (20,15%), M. Passieux (PS) (16,55%), P. Polard (LFI) (15,43%)
  • TOUR 2 : Ph. Huppé (61,30%), G. Ardinat (38,70%)

Résultats des élections européennes 2019 sur la ville :
 
  • RN (30,47%), LREM (17,92%), EELV (11,96%)
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