Marie a réussi a échapper au joug d'un mari violent. Elle est désormais hébergée dans un centre tenu secret à Montpellier. Autour de Béziers, on s'apprête à ouvrir un centre d'hébergement d'urgence du même genre dédié aux victimes de violences conjugales et à leurs enfants.
"Un mari qui crie, qui dit qu'on est une moins que rien. Qui nous frappe quand on ne veut plus lui obéir.
Quand ils voient qu'on veut les quitter, c'est le pire, ils préfèrent nous savoir mortes que de les quitter". Marie qui a trouvé refuge au centre d'hébergement et de réinsertion sociale Elisabeth Bouissonnade témoigne d'un quotidien propre à la majorité des femmes victimes de violences conjugales.
Le plus dur : en parler et que l'on nous croie
"Ils veulent qu'on reste avec eux pour nous manipuler, pour que l'on se sente coupables et que l'on se dise : "c'est ma faute ". Du genre, il m'a frappée, c'est bien fait pour moi. C'est moi qui ai fait une bêtise, qui n'ai pas fait comme il fallait. Je mérite ce qui m'arrive. A force de vous dire ça vous finissez par y croire.
Le plus dur c'est de parler de cette situation et quand on en parle on ne nous croit pas... On banalise.
Ici, au centre, les gens nous croient nous et nous encouragent à réagir" sourit la mère de famille soulagée d'être à l'abri.
"Le problème c'est qu'un homme a plus de force qu'une femme. Donc suivant comment il nous attrape, on ne peut pas se défendre. On a beau essayer, on ne peut pas et on entend les enfants qui crient, " papa arrête, tu vas la tuer... C'est ça, c'est le pire !!! Il est même arrivé que mes enfants me soignent, mettent de la pommade sur mes bleus . C'est à nous de les soigner et de les protéger, pas à eux".
Où aller avec des enfants ?
Je voulais partir mais j'avais peur de sa réaction surtout avec des enfants. Où aller avec des enfants.
Même si on est battues, on a construit quelque chose avec cette personne que l'on aime et on craint de tout casser pour avoir à repartir à zéro.
Aujourd'hui je rêve d'une vie tranquille et paisible. Ne plus revivre tout ça.
Même si tu as peur de partir, il faut le faire car ça ne peut pas être pire que ce que je vis et ce que je vis c'est l'enfer ". C'est la leçon à retenir de ce témoignage.
"J'ai vu des maris qui cherchaient le centre pour retrouver leurs femmes"
"J'ai vu des maris qui cherchaient le centre des femmes battues pour retrouver leurs femmes, moi je les envoyais à l'opposé pour ne pas qu'ils trouvent. Il y a des maris qui ont retrouvé leurs femmes et ont essayé de leur arracher les enfants des mains, heureusement, des personnes sont intervenues...
Quand on sort du centre, on n'en sort pas seules pour s'entr'aider. Comme ça, si on tombe sur un mari violent, on peut se défendre, les unes avec les autres.
Sous surveillance 24h/24
Des grilles, des caméras de surveillance, une présence vingt quatre heures sur vingt quatre. La sécurité dont Marie avait besoin. Elle l'a trouvée au centre Bouissonnade.
Le centre peut accueillir 30 femmes pour une durée de six mois renouvelable une fois. En revanche, pour une mise à l'abri immédiate, seulement 10 places sont disponibles.
En 2016 dans l'hexagone, 25 enfants mineurs ont été tués par un de leurs parents lors de violences au sein du couple.
Béziers : un nouvel accueil d'urgence pour les femmes victimes de violences
Sur le modèle de celui existant déjà à Montpellier, un centre va ouvrir à Béziers pour un accueil 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 .L'établissement nécessite un budget de 150 000 euros par an.
Le numéro d'appel pour les femmes victimes de violences : le 3919