Après la crise du Covid, puis l'inflation et la vie chère, c'est désormais la pénurie de carburants qui menace les professionnels du tourisme. Sur le littoral de l'Occitanie, de nombreux établissements font face à des annulations pour les vacances. Reportage dans l'Hérault et les Pyrénées-Orientales.
Sur les quais de Palavas, près de Montpellier, ce n'est pas la foule des grands jours. Il y a de la place pour se promener, manger ou flâner en terrasse en ce premier week-end de vacances de la Toussaint.
Et les touristes sont en minorité. Les promeneurs, consommateurs et baigneurs viennent quasiment tous des alentours... moins de 50km.
"Depuis 2 semaines, on a beaucoup moins de monde. Pourtant, il fait beau. Mais avec le manque de carburants, les gens ont dû avoir peur, c'est peut-être à cause de cela... Enfin, on sait pas" explique Diane, commerçante à Palavas.
Pour trouver du monde, il faut aller sur la plage et dans les bars du front de mer. "Il fait bon alors on a des clients. Mais on attend surtout du monde le week-end prochain avec 3 jours, les touristes vont arriver dans la semaine" se rassure Pauline, responsable d'une brasserie.
Finalement, c'est dans l'eau qu'il y a le plus de monde... Des surfeurs qui profitent des vagues et des conditions météo idéales. Une aubaine pour les professionnels, toutes les planches sont louées et tous les cours sont complets. Mais là encore, il s'agit à 80% de clients locaux.
Hôteliers et restaurateurs moroses sur la côte catalane
Du soleil, une eau à 20 degrés, et pourtant… la plage de Canet-en-Roussillon est déserte.
Un début de vacances compliqué pour les restaurants et les hôtels. Car visiteurs et vacanciers sont aux abonnés absents.
Avec la température qu’il fait, on devrait avoir des terrasses pleines et pareil pour la plage. Il n'y a personne, pas de passage, personne au marché. Le manque d'essence a certainement bloqué les gens. Plus l'inflation, tout a pris 30% donc forcément avant de partir en vacances on réfléchit à deux fois.
Arnaud Le Maistre, gérant du restaurant de plage à Canet-en-Roussillon.
Beaucoup de touristes sont en fait revenus sur leur décision. Alors qu’il aurait dû afficher complet, cet hôtelier a subi une dizaine d’annulations en l’espace de quelques jours.
"Notre planning est anormalement vide. Puisque pour samedi, on a un taux d'occupation d'à peine 50% et que pour dimanche, c'est pire, c'est encore plus calme" explique Nicolas Cloerec, gérant d'un hôtel.
Conséquence, l’établissement prévoit un chiffre d’affaires en baisse de 50% comparé à la même période en 2021.
De son côté, l’UMIH 66, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie des Pyrénées-Orientales, mise tout sur la seconde partie des vacances avec le retour du beau temps et la levée des blocages dans plusieurs raffineries.
"Les difficultés de mobilités sont toujours un frein à la consommation. Que ce soit dans les commerces, dans les centres-villes, mais aussi tout simplement pour se déplacer d'un département à un autre pour visiter. Aujourd'hui, il n'y a plus de pénurie de carburants, les touristes vont revenir dans les jours à venir" affirme Brice Sannac, président de l’UMIH 66.
Un optimisme qui ne masque pas pour autant la réalité. A l’échelle du Languedoc-Roussillon, les demandes de réservations pour l’automne ont chuté de 30% comparé à 2021.
Ecrit avec S. Banus et M.Vinayagamoorthy.