Ecarté du rachat de l'AS Béziers-Hérault au profit de l'ex-coach toulousain René Bouscatel, l'ancien rugbyman Christophe Dominici, furieux, a dit à 300 supporters venus le soutenir : "on nous a traités comme des moins que rien". Robert Ménard se dit neutre mais supprime l'aide de la ville au club.
C'est un homme en colère qui s'est présenté ce mardi 23 juin devant près de 300 supporters de l'AS Béziers-Hérault venus le soutenir devant le stade Raoul-Barrière. Evincé de la reprise du club de Pro D2 alors que les choses semblaient scellées, l'ancien international de rugby Christophe Dominici a décidé de contre attaquer, affirmant :
Je veux rétablir certaines vérités car nous avons le sentiment, dans cette histoire, d'avoir été traités comme des moins que rien. Nous avons appris la fin des discussions par l'Agence France Presse !
Un ex-entraîneur préféré à un ancien international
Dans un communiqué, l'ASBH et ses actionnaires ont en effet annoncé hier soir avoir choisi le projet de reprise porté par René Bouscatel, entraîneur du Stade Toulousain de 1992 à 2017. Louis-Pierre Angelotti, principal sponsor du club, devrait prendre la présidence du conseil de surveillance.
L'avocat du club justifie ce choix par l'absence de garantie apportée par Christophe Dominici sur l'identité des investisseurs et la traçabilité des fonds de son projet. S'il confirme avoir bien reçu, comme convenu, la lettre d'intention des associés de l'ancien ailier du XV de France, il précise qu'elle ne contenait pas ces informations.
L'opacité sur l'identité des investisseurs pointée par le club
Christophe Dominici, lui, avance une autre explication, évoquant à mots couverts une éventuelle discrimination :
On a été confrontés à des propos très laids, à des injustices. [...] On a présenté ces investisseurs comme des Emiratis, avec toutes les connotations qui vont avec. [...] Nous prenions, dans la lettre d'intention, l'engagement de communiquer toutes les informations concernant la société de droit français créée aux fins de la reprise du club, le nom des actionnaires et les éléments de respectabilité, notamment une lettre de confort bancaire de plusieurs millions d'euros émanant d'une banque française ayant pignon sur rue.
Selon lui, "tout était prêt" pour communiquer ces éléments ce vendredi 26 juin, la signature devant avoir lieu "dans la foulée" et ajoute, suspicieux : "vous comprenez mieux la précipitation du jour !".
Défense et contre-attaque
La prise de parole de Christophe Dominici visait donc autant à défendre ses associés qu'à contre-attaquer. Et l'ancien rugbyman n'a pas hésité à entrer la mêlée, bien décidé à ne pas abandonner la partie. Il précise au passage qu'au départ, c'est bien la Ville de Béziers et son maire Robert Ménard (divers extrême droite) qui l'ont sollicité :
Soutenu par près de 300 supporters venus clamer "c'est pas fini, on va pas lâcher", il a pointé du doigt le déficit du club, sur lequel plusieurs chiffres circulent sans qu'on en connaisse le montant réel, sans doute plusieurs millions d'euros.
Réclamant un audit et un contrôle fiscal des différentes structures juridiques du club (SASP Béziers Rubgy, SARL Passion Ovalie), il a interpellé les collectivités locales qui soutiennent financièrement l'ASBH :
La FFR et le ministère des sports invités à "mettre le nez dans le club"
Christophe Dominici affirme par ailleurs que son projet a été déposé pour validation devant le gendarme financier de la Ligue Nationale de Rugby, la DNACG (Direction Nationale d'Aide et de Contrôle de Gestion). Mais il "met en cause la validité de cette institution" et en appelle directement à la Fédération Française et au Ministère des sports pour qu'ils "regardent le projet et mettent le nez dans ce club".
Robert Ménard annonce la fin des aides de la Ville
De son côté, la municipalité de Béziers, dont le maire Robert Ménard est membre du conseil de surveillance de l'ASBH, a annoncé la fin des aides de la Ville au club lors d'un conférence de presse ce mercredi 24 juin, tout en refusant de trancher entre les deux dossiers de rachat.
Je n'approuve rien, je prends uniquement acte, je n'ai été informé que mardi matin. Il y avait un projet avec Christophe Dominici alors qu'avec les repreneurs actuels, je n'ai connaissance d'aucun projet, ni financier ni sportif. Je souhaite réunir tout le monde pour savoir ce qu'il doit advenir du club. Car ce patrimoine biterrois doit être sauvé. Une solution doit être trouvée.
Tout au long de la conférence de presse, Robert Ménard a répété que les intérêts de chacun devaient être oubliés dans l’intérêt du club.
Les supporters veulent y voir clair
Face à la polémique, l'association de supporters "Rugbiterre" réclame de son côté sur Twitter que les détails des deux projets soient rendus publics :
Communiqué de l’association RUGBITERRE #ASBH #Béziers #ProD2 pic.twitter.com/qogCDWuood
— Rugbiterre (@Rugbiterre) June 24, 2020
L'association socle du club dans la mêlée
La bataille pourrait être rude : présents hier soir devant le stade Raoul-Barrière aux côtés de Christophe Dominici, les représentants de l'association socle du club (sa structure non professionnelle), en conflit depuis des années avec la Société Anonyme Sportive Professionnelle Béziers Rubgy, ont rappelé : "C'est nous qui détenons le numéro d'affiliation à la FFR, le nom, la marque et le logo du club. Et on ne veut pas des nouveaux dirigeants !".