Produits chimiques dans les couches-culottes : à Béziers, une société avait lancé l'alerte

Depuis 4 ans, une société de conseil de Béziers alerte sur les risques potentiels liés aux produits chimiques présents dans les couches-culottes. Le rapport de l'Agence Nationale de Santé du 23 janvier lui donne raison, mais les fabricants s'en défendent. L'entreprise réclame la transparence.

Il s'appelle Olivier Toma et depuis 4 ans, le PDG de Primum Non Nocere, société de conseil en développement durable et santé basée à Béziers (Hérault), alerte ses clients (dont des maternités) sur les risques potentiels liés à la présence de produits chimiques dans les couches-culottes pour bébés. Le rapport de l'ANSES paru le 23 janvier 2019 lui donne raison. Mais pour ce chef d'entreprise, il ne va pas assez loin. Pour lui, il faut contraindre les fabricants à plus de transparence en renforçant la réglementation.


Plaidoyer pour plus de transparence sur l'étiquette


Selon lui, le responsabilité de l'Etat est donc essentielle pour faire évoluer les pratiques. Olivier Toma pointe notamment les lots d'essai de couches-culottes proposés aux nouveaux parents dans les maternités et les services de pédiatrie :
 

Pourquoi vend-on à des enfants dans des maternités, des services de pédiatrie, des produits sans aucune autorisation de mise sur le marché et dont on n'a pas la composition ? Quand on la cherche, on trouve des produits qui sont dangereux, on l'a vu dans le rapport de l'ANSES [Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, NDLR]. Ils sont classé cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques. Donc, il faut une autorisation de mise sur le marché, pour que n'importe qui ne puisse pas vendre dans notre pays des produits à destination d'un public extrêmement fragile.


Les fabricants se défendent de toute opacité


Ce manque de transparence, les fabricants le rejettent et réaffirment que leurs couches-culottes sont saines et très contrôlées. Dans un communiqué, réagissant à la publication du rapport de l'ANSES, la firme mondiale Procter and Gamble précise :
 

L’association 60 millions de consommateurs a publié des tests qui ont confirmé que les couches Pampers sont sans résidus toxiques. Les résultats de tests de UFC Que Choisir ont quant à eux attribué la note maximale de *** (Très bon) aux couches Pampers sur le critère de l’absence de résidus toxiques.


Et d'ajouter que ces produits sont labellisés Standard 100 Oeko-Tex, l'un des labels les plus exigeants au monde, et que leur composition est disponible sur son site internet depuis fin 2016 ainsi que sur ses paquets depuis décembre 2017.


Les couches-culottes à usage unique dans le viseur de l'ANSES


Perturbateurs endocriniens, produits cancérigènes, mutagènes, parfums allergisants ou sensibilisants sont pourtant autant de substances relevées dans leurs études par les experts de l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire. Ils en concluent que l'exposition chronique d'un nourrisson, qui porte entre 3800 et 4800 couches-culottes à usage unique durant sa vie, pourrait faire courir des risques à long terme sur la santé publique :
 

Il n’existe aucune donnée épidémiologique permettant de mettre en évidence une association entre des effets sanitaires et le port de couches. Toutefois, des substances chimiques dangereuses ont été retrouvées dans ces couches. Sur la base des résultats des essais et des données bibliographiques, une évaluation quantitative de risques sanitaires a été réalisée sur les couches pour bébé à usage unique selon des scenarios affinés considérés réalistes. Cette EQRS a mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances. Aussi, à ce jour et en l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible d’exclure un risque sanitaire lié au port des couches à usage unique.


Les substances visées sont de différents ordres :

  • celles ajoutées, comme les parfums,
  • celles provenant de contaminations environnementales (pesticides tels le glyphosate),
  • celles liées à la fabrication du plastique (HAP ou hydrocarbures aromatiques polycycliques)
 

Des efforts à poursuivre


Toutefois, Primum Non Nocere indique que certains fabricants sont très engagés auprès de leurs fournisseurs afin d'éliminer les sources de contamination et qu'en France, le secteur s'est restructuré. On trouve désormais des industriels français utilisant des matières premières françaises, plus facilement traçables.


Au consommateur de s'informer


En attendant un éventuel renforcement de la réglementation, la société biterroise invite les consommations à s'informer davantage avant de choisir entre une couche-culotte à base de produits pétroliers, une protection biosourcée ou une couche lavable, chacune ayant des impacts environnementaux différents. Voici le reportage de Pascaline Arisa et Nicolas Chatail, avec aussi Thomas Bourgeois, chargé de communication de Primum Non Nocere.
 
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