Les députés de l'Assemblée nationale ont adopté ce jeudi par 98 voix contre 3 la proposition de loi du député de l'Hérault Christophe Euzet. L'accent vocal est désormais inscrit comme une des causes de discriminations réprimées par la loi, au même titre que la race, le sexe ou le handicap.
L'Assemblée nationale a donc largement adopté ce jeudi la proposition de loi de Christophe Euzet (du groupe Agir ensemble, allié de LREM au sein de la majorité présidentielle), réprimant les discriminations fondées sur l'accent ou glottophobie.
Le texte, adopté en première lecture par 98 voix contre 3, prévoit notamment une peine pour ces discriminations de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
Des députés aux accents de tous horizons ont témoigné
Parmi les intervenants lors du débat, la députée de Polynésie française Maina Sage (Agir) a dénoncé une "forme de racisme", en évoquant les difficultés rencontrées parfois par des personnes parlant avec des intonations ultramarines.La montpelliéraine Patricia Mirallès (LREM), fille de rapatriés d'Afrique du Nord, a exprimé le souvenir douloureux des "moqueries" envers l'accent pied-noir, qu'elle a brièvement repris dans son intervention.
D'autres élus ont dénoncé les discriminations dans certaines professions pour certains ayant des accents marqués, comme des journalistes relégués "à la chronique rugbystique ou au bulletin météo". Même si le chroniqueur politique Jean-Michel Apathie a su imposer le sien dans le domaine.
Jean Lasalle et Emmanuelle Ménard ont mis l'accent inverse !
Mais certains n'ont pas voté pour cette proposition de loi. Comme Jean Lassalle (groupe Libertés et territoires), à l'accent marqué du Sud-Ouest : "Je ne demande pas la charité, je ne demande pas à être protégé parce que je suis comme je suis".La biterroise et héraultaise Emmanuelle Ménard, épouse du maire Robert Ménard et élue d'extrême droite, a jugé "inconvenant" de placer l'accent au même titre que le handicap au titre des motifs de discrimination.
Mais que l'on se rassure, le simple "humour" sur les accents locaux reste permis, il ne s'agit que de lutter contre la discrimination dans le travail ou de harcèlement, a-t-il précisé.Le texte, adopté en première lecture, va partir maintenant pour examen et vote au Sénat, où siègent aussi quelques élus à l'accent parfois chantant.À l'heure où les minorités "visibles" bénéficient de la préoccupation légitime des pouvoirs publics, les minorités "audibles" sont les grandes oubliées du contrat social fondé sur l'égalité.