Ce dimanche matin, à l'aube, des centaines de soldats ont débarqué sur les côtes de l'Hérault entre Frontignan et Sète. Avec des véhicules blindés amphibies, ils ont pris d'assaut le littoral et les plages pour repousser l'ennemi. Un entrainement prévu de longue date pour simuler une guerre de haute intensité entre deux pays voisins.
L'exercice Orion 2023, qui mobilise 7.000 militaires jusqu'au 11 mars, simule une intervention dans un pays ("Arnland") déstabilisé par des milices bien équipées, et frontalier d'un État puissant orchestrant ces troubles ("Mercure").
Prévues depuis 2020, ces manoeuvres prennent une signification plus grande encore après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il y a un an. La géopolitique mondiale est bouleversée et le recours à la force n'est plus tabou.
Chaque pays veut ainsi montrer aux autres, ses forces, ses compétences, son matériel et sa logistique, à l'occasion de ce genre d'exercice.
A Frontignan, ce dimanche matin, en présence de Patricia Mirallès, secrétaire d'État chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire et ancienne députée de l'Hérault, les militaires préparent la guerre de 2030.
Nous sommes la première armée d'Europe. Mais les militaires travaillent en "interalliés" avec les Allemands, les Espagnols, les Italiens, les Américains... Nous sommes une nation cadre, nous devons démontrer que nous avons les capacités humaines et matériels et que quoi qu'il arrive la France sera toujours prête.
Patricia Mirallès, secrétaire d'État chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire.
Un débarquement amphibie sur la côte héraultaise
Après une grande opération aéroportée, samedi, dans le Tarn, les militaires de l'exercice Orion23 ont effectué ce dimanche matin un débarquement en Méditerranée.
Depuis la base de commandement, un état-major veille sur les débuts de cet entrainement. Le commandant des opérations interarmées, suit l'évolution des troupes sur d'immenses écrans qui permettent de voir en direct, tous les volets de l'opération. Cartes, images satellitaires, échanges écrits avec les unités au sol mais aussi lutte cyber et informationnelle.
Sur le terrain, les hommes, les blindés et le matériel logistique débarquent. Aux côtés des soldats français, on compte aussi des Espagnols, des Italiens et des Britanniques.
"La quantité des moyens mis à disposition, le degré de synergie entre les différentes armées, c'est du jamais vu depuis que je me suis engagé", commente le capitaine Thibault. "On sent qu'on a passé un cap dans la préparation opérationnelle".
Des manoeuvres dans le Massif de la Gardiole
Après ce débarquement, les troupes vont investir le Massif de la Gardiole, au nord de Frontignan. Une phase de sécurisation démarrera en direction du port de Sète puis il y aura des manoeuvres terrestres et une offensive, une attaque en vue de la reconquête du territoire.
Les secteurs concernés sont : Sète, Frontignan, le Massif de la Gardiole, Vic-la-Gardiole, Villeneuve-lès-Maguelone, Palavas, Lattes, Fabrègues, Cournonterral, Cournonsec, Montbazin, Gigean, Balaruc, Poussan, Pinet et Pomérols.
Les routes départementales suivantes seront impactées par les déplacements des militaires : D2, D5, D51, D60, D114, D116, D119, D119E2, D600, D612, D613, D114, D116, D185. Elles pourront être temporairement fermées, déviées ou à circulation restreinte.
Cette phase 2 doit se terminer jeudi 2 mars. Puis vendredi et samedi, un second débarquement aura lieu à Sète. Les forces armées rejoindront alors Castres.
La circulation sera perturbée dans Sète mais aussi à proximité de l'A9 et de l'échangeur 33. Les routes D600, D612, D613 et les autoroutes A75 et A750 seront aussi impactées.
Des tests de la chaine de commandement
Pour les armées françaises, la dernière ouverture de théâtre de cette ampleur en conditions réelles remonte à l'opération Serval au Mali, en 2012, quand les soldats français avaient repris la ville de Tombouctou.
Mais après deux décennies de lutte antijihadiste, l'adversaire risque désormais d'être un Etat, donc de force égale. Voire un pays possédant également l'arme nucléaire.
Un changement de paradigme qui exige de durcir l'entraînement interarmées à la guerre de haute intensité.