PORTRAIT. L'identité féminine au cœur des œuvres de Johanne Cinier, artiste plasticienne à Sète

Frida Kahlo, Marilyn Monroe, Maria Calas, Amy Winehouse, Madonna sont présentes dans les toiles de Johanne Cinier qui définit son travail ainsi : "L’identité féminine ou son besoin d’exister sont le motif central de ma démarche". L'artiste peintre vit à Sète où nous l'avons rencontrée. 

Après une formation à l’institut international de création couture IICC d’Aix en Provence, Johanne Cinier a exercé son métier de styliste chez Givenchy. Elle a travaillé ensuite en tant que responsable de collection chez Arrow pendant six ans à Paris. Dans son enfance, elle évoque avoir été fascinée par des créateurs comme Christian Lacroix et Jean-Paul Gaultier. Elle vit et travaille comme artiste plasticienne aujourd’hui à Sète.

La femme contemporaine comme inspiration

Dans son atelier, Johanne Cinier parle de sa démarche artistique pour la série de toiles "Le féminin sacré" : "C'est une série dans laquelle je travaille sur la représentation de la femme contemporaine. Telle une icône, il y a une recherche d'esthétisme dans mon travail comme pour glorifier ou sacraliser cette féminité ».

L’icône culturelle féminine est omni présente dans l’œuvre de Johanne Cinier, autant que le sont les femmes anonymes. Voilà le trait d’union qui touche le plus grand nombre de ces femmes découvrant pour la première fois le travail de l’artiste :

Lors des expositions, j’ai des femmes de différentes générations qui viennent me voir et qui sont bouleversées devant un tableau parce qu’il y a quelque chose qui parle de leur intérieur.

Johanne Cinier

De l'icône à la madone, il n'y a qu'un pas

Des femmes connues sont présentes dans les œuvres de Johanne Cinier comme Frida Kahlo, Marilyn Monroe, Maria Calas, Amy Winehouse ou Madonna. De l’icône, il n’y a qu’un pas à la madone, l’icône religieuse, et l’artiste le franchit sans aucune forme de doute.
Il semble comme un devoir, une mission, de sublimer, d’honorer et sacraliser la nature divine de la femme. Pour Johanne Cinier, le geste, l’acte de peindre, sa part d’intuition et de synchronicités avec l’histoire de l’art au féminin, correspondent à la dimension de la grâce et du sacré.

La présence du masculin disparait au bénéfice du féminin

De son « fantastique déjeuner sur l’herbe » (cf. Édouard Manet 1863) elle dit ceci : "J’imaginais ce déjeuner sur l’herbe comme un rêve : j’assiste à une scène, je suis ce personnage qui est au fond de la clairière, que j’aurais adoré vivre, c’est de voir Gabrielle Chanel avec Frida Kahlo et Amy Winehouse en train de discuter autour d’un pique-nique, trois femmes complètement différentes, trois générations.
Qu’est-ce qu’elles se diraient, de quoi elles parleraient ? C’est pour cela que je n’ai mis que des femmes et ce sont des femmes importantes pour moi dans mon travail, dans mes créations et mes aspirations surtout".

Pour son tableau “I am a woman”, Johanne explique: "J’ai donné ce titre parce que c’est représenté que par des femmes. Puisque “Guernica” (Cf. Picasso Pablo 1937) est un tableau sur un moment, sur une scène de guerre, de traumatismes, de feu, de souffrances, donc j’ai utilisé tous ces codes-là. Sur ce tableau ce sont les mêmes dispositions, les mêmes références et ce n’est signe que d’amour : vous avez la bienveillance, la maternité, vous avez la beauté."

Le féminin vu par une femme

Voir le monde à travers les yeux d’une femme, voilà ce que propose l’artiste plasticienne : "C’est intéressant, en tant que femme, de représenter le féminin vu par une femme, parce que le féminin est énormément représenté dans les peintures et les tableaux. Plus de 70% des personnes représentées ou de nus sont féminins dans la peinture, donc c’est ma vision à moi. Le besoin d’exister, d’être représentées, c’est montrer des choses qui sont réelles en fait et pas forcément fantasmées".
 

La Madone, c’est un peu ma référence, elle dégage un peu tout ça. Liberté, féminité, amour, ce sont des choses qu’on voit dans chacun de mes tableaux.

Johanne Cinier

Quand son galeriste Roger Castang lui commande une œuvre inspirée de La Cène de Léonard de Vinci, l’artiste fait disparaitre à nouveau les hommes. Au centre du tableau, rayonne sous une couronne de lumière une femme en lieu et place du Christ. La Cène se déroule dans une cuisine des années 50 inspirée d’une photographie d’Helmut Newton.
Le tableau est surtitré de la phrase de Victor Hugo "L’avenir est une porte, le passé en est la clé". Inconsciemment, la référence à un autre auteur, Louis Aragon, s’opère : "L’avenir de l’homme est la femme. Elle est la couleur de son âme. Elle est sa rumeur et son bruit".

Alexandre Joannidés est allé filmer Johanne Cinier en train de travailler dans son atelier à Sète. 

 

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