Il y a quatre ans, Patrick Isoird était assassiné à Sète. La découverte d'un mégot en mai dernier pourrait relancer l'enquête. La chambre de l'instruction demande ce vendredi 7 septembre un supplément d'information.
"Un petit mégot qui vient bouleverser le mécanisme d'une erreur judiciaire en marche "
C'est en ces termes que l'avocat de Rémi Chesne résume la récente découverte permise par l'ADN trouvé sur un mégot de cigarette.
Celui-ci qui avait été retrouvé près des lieux du drame en 2014 porte l'ADN de la victime.
En mai dernier, cet ADN a "matché" vers un individu originaire de Lyon et impliqué dans trois procédures criminelles de stupéfiants et de séquestration.
J'espère que le justice va très vite exploiter cet élément déclare l'avocat du suspect Maitre Abratkiewicz
Les enquêteurs ont privilégié la piste du crime passionnel. L'un des grands pontes du barreau héraultais déplore l'abandon de la piste du règlement de comptes que ce nouvel élément relance quelque peu.
Zones d'ombres et pistes inexplorées
L'avocat du suspect que nos équipes ont rencontré pointe du doigt certaines pistes inexplorées. Notamment des mouvements bancaires suspects pour celui qui a priori exerçait la profession d'infirmier ou d'agent hospitalier.
Il effectuait des versements mensuels de 500 euros pour "rattraper une grosse bêtise" selon les dires de l'avocat.
Le jour où le corps a été retrouvé, des bornages téléphoniques ont permis de remonter aux mobiles d'individus repris de justice. Seulement entendus, ces derniers ont effacé leurs données et la piste a vite été abandonnée.
Des éléments qui pourraient écarter ou du moins questionner la responsabilité de Rémi Chesne, en détention provisoire depuis 2016.
Mon client a fait l'objet d'un véritable acharnement judiciaire. On fait depuis des mois des demandes de remise en liberté, qu'on dénonce les lacunes de l'instruction, qu'on reproche à la juge d'instruction de ne pas instruire à décharge et de ne pas explorer ces nouvelles pistes. Rien n'est fait ajoute l'avocat.
Le rôle du juge d'instruction questionne
Autre problème : le rôle de la juge d'instruction.
Le 11 mai, le clan de Rémi Chesne a plaidé son blanchiment devant la chambre de l'instruction.
Mais celle-ci n'avait pas connaissance de ces nouveaux éléments, qui n'ont pas été transmis par la juge.
Ils n'en ont eu connaissance que trois jours après, par le biais du procureur en charge du dossier. La juge à la lumière de ces nouveaux éléments transmis par les enquêteurs était dans l'obligation de prévenir la chambre.
On a perdu 4 mois où personne ne fait d'enquête. Désormais, il faut attendre Septembre pour que la piste soit de nouveau explorée.
Ce vendredi 7 septembre, la chambre de l'instruction a demandé un supplément d'information pour vérifier si l'ADN a un lien avec les faits. Ce qui pourrait totalement relancer une affaire que l'on croyait entérinée depuis maintenant bientôt quatre ans.
CHRONOLOGIE DE L'AFFAIRE
- 23 Juin 2014 : Disparition de Patrick Isoird, employé dans le milieu hospitalier âgé de 49 ans.
- 17 Juillet 2014 : Le corps calciné de Patrick Isoird est retrouvé, criblé de deux balles.
- Les bornes téléphoniques ont relevé des échanges entre Audrey Louvet femme qui a servi d'appât et Patrick Isoird.
La femme déclare ne pas avoir eu connaissance de la volonté de tuer Isoird. Une conversation qui permet de remonter à Rémi Chesne, coiffeur sétois de 52 ans au casier vierge au moment des faits.
Patrick Isoird a eu une relation avec la compagne de Chesne en 2009. La femmes s'est suicidée après avoir avoué l'adultère à Rémi Chesne.
- Mai 2018 : un mégot retrouvé à proximité de la galerie lors du drame a "matché" avec l'ADN d'un lyonnais impliqué dans trois affaires criminelles de stupéfiants et séquestration. La piste du règlement de comptes est relancée.
- 11 Mai 2018 : Les nouveaux éléments apportés par le mégot ont été transmis par les enquêteurs à la juge d'instruction. Mais celle ci n'a pas averti la chambre d'instruction qui n'en avait pas connaissance lors de la demande de blanchiment par la défense de Rémi Chesne.
- 14 Mai : le procureur avertit trois jours plus tard la chambre de ces nouveaux éléments, retardant ainsi la procédure de plus de trois mois.
- 6 Septembre 2018 : réouverture de l'instruction.