Le port de l'Hérault s'apprête à accueillir la 8e édition d'Escale à Sète. Créé en 1666 sous Louis XIV, le deuxième port français de Méditerranée a trouvé sa place dans un espace en perpétuel mouvement. Il est à lui seul un monument comme les bateaux qui y accostent.
Ce jour-là, l'horizon se confondait avec le ciel. Et les militaires du sémaphore Richelieu étaient aux aguets. Perché à 87 mètres de hauteur sur le flanc du Mont Saint-Clair, construit sous Louis XV, le sémaphore domine le port de Sète, dans l'Hérault.
"Il y a trois bateaux qui vont sortir, donc on va les surveiller, les interroger et s'assurer qu'ils respectent les zones de navigation, explique Lucas Lavarenne, contremaître. Ça demande de la vigilance, car lorsqu'on ne voit rien dehors il faut bien scruter ce qu'il se passe sur les écrans."
Le port de Sète, ce sont des bateaux et des hommes. Chaque entrée se fait avec l'assistance des pilotes, un métier à haut risque, des marins qui connaissent le port comme le fond de leur poche.
Lieu incontournable du commerce méditerranéen
Les rouliers les "roro" avalent la marchandise, avant d'aller la recracher ailleurs sur la planète.
Le port se modernise avec des quais électrifiés et des grues toujours plus puissantes. Mais si l'on arrive par la mer, on peut aussi arriver par la terre, avec le Canal du Rhône à Sète. Le fluvial est l'atout écologique du port.
On est à 50 camions, et encore, là on est limité dans le transport parce que le canal n'est donné qu'à 2 mètres et demi, ce qui veut dire qu'on ne prend que 1 500 tonnes. Mais lorsqu'on est dans les grandes eaux, on va jusqu'à 2150 tonnes.
Marc Lenglin, bâtelier sur la Péniche Hélios, à Sète
L'ouvrage d'art a 250 ans et montre bien des signes de fatigue. Le canal prend pourtant sa part dans l'activité du 8e port français. Sète, avec plus de 5 millions de tonnes de marchandises et 210 000 passagers par an, est un atout pour l'Occitanie. Les échanges avec l'autre rive de la Méditerranée, sont le cœur battant de ces installations. Mais c'est coté étang que le Port de Sète a connu ses heures de gloire, Avec les chantiers navals. André Aversa était l'un d'entre eux un, pionnier d'un passé révolu tant la pêche va mal.
"Je me trouve là, à 20 ans, et ma future femme est là, on était que fiancés à l'époque, désigne du doigt sur une photographie le charpentier de la marine, sommité dans le savoir de la construction navale, dans de récentes images d'archives. On voit encore le bouchon de champagne qui saute, alors que je viens de pousser le bateau."
André Aversa s'en est allé en avril 2023, mais il nous laisse ses maquettes au musée de la mer et le Gys le bateau de Georges Brassens, l'autre enfant terrible de Sète.
En prenant ses attaches tous les deux ans dans la Venise du Languedoc, Escale à Sète est le parfait trait d'union avec ce riche passé.
