Le Cid, la fameuse pièce de Corneille, est joué au cirque de Gavarnie jusqu'au 29 juillet.
Toulouse: Le Cid joué à Gavarnie
Le Festival de Gavarnie (Hautes-Pyrénées) programme cet été Le Cid dans son exceptionnel site classé qui met l'organisation face à un choix cornélien: rester dans le cirque et demeurer spectaculaire ou partir sous la pression de l'Unesco et perdre de sa superbe.
Le Festival de Gavarnie (Hautes-Pyrénées) programme cet été Le Cid dans son exceptionnel site classé qui met l'organisation face à un choix cornélien : rester dans le cirque et demeurer spectaculaire ou partir sous la pression de l'Unesco et perdre de sa superbe.
Début juillet, l'agence des Nations unies a "réitéré avec fermeté sa demande de relocalisation", regrettant "qu'aucun progrès concret" n'ait été accompli.
Le site actuel de La Courade doit être abandonné "en raison de son incompatibilité avec les valeurs naturelles et culturelles du patrimoine mondial ainsi qu'avec les exigences opérationnelles d'un événement de cette envergure", pouvait-on lire, en 2007, dans un rapport de l'Unesco.
Pour les élus régionaux d'Europe Ecologie-Les Verts, "il suffirait de déplacer le festival de quelques centaines de mètres comme s'y était engagé l'Etat français avant le classement du site" en 1997, notent-ils dans un communiqué.
"Si le festival est déplacé, il aura moins d'intérêt, perdra son public et finalement disparaîtra", répond Frédéric Walton, président de l'association organisatrice, Théâtre Fébus, qui a maintenu le festival cette année, pour la 27e édition organisée du 17 au 29 juillet.
Duvets et chaussures de randonnée
Chaque soir, un millier de spectateurs enfilent leurs chaussures de randonnée et partent pour une balade d'une demi-heure le long des rives du gave de Gavarnie avant de s'installer dans la prairie de La Courade pour profiter de deux spectacles: celui du soleil couchant sur le cirque, et Le Cid, mis en scène par Bruno Spiesser.
En 1985, les spectateurs étaient installés sur des ballots de paille face à la cascade de 400 mètres de haut qui arrose le site. Au fil des ans, la paille a été troquée contre des gradins. Aujourd'hui, les estrades sont remplacées par des rangées de chaises en plastique reliées les unes aux autres et fixées au sol avec de simples piquets de tentes.
Réduction de voilure
Les organisateurs persévèrent, mais ne sont pas sourds aux critiques. "Les objections ont été prises en compte, nous avons pris des mesures: la suppression de la tour régie, l'installation de toilettes sèches, l'instauration de vaisselle réutilisable...", détaille Frédéric Walton, gardien de gîte dans les Pyrénées et amoureux de la montagne.
Résultat, l'événement organisé dans un site exceptionnel, à 1.450 mètres d'altitude, bénéficie de l'appui des élus locaux et représentants de l'Etat. "L'impact du festival (sur l'environnement) est quasi nul, l'Etat se positionne en faveur de son maintien, à son emplacement actuel", affirme Johann Mougenot, sous-préfet d'Argelès-Gazost.
"Il attire environ 10.000 personnes sur deux semaines, c'est le nombre de randonneurs qui passent quotidiennement par le cirque", insiste-t-il, saluant l'événement qui renoue avec une tradition de rassemblement dans l'enceinte du cirque. Autrefois s'y tenait une foire aux bestiaux.
Le festival compte ses fidèles. Comme Jeannine Conty, 68 ans, qui bien qu'installée en région parisienne, n'a manqué qu'une seule édition depuis sa création par François Joxe. Perdue sous un amas de tissus, entre cape et polaire, la thermos de café au chaud dans le sac, elle était prête à braver le froid.
Les "Va, je ne te hais point", "O rage, ô désespoir" et "Rodrigue, as-tu du coeur?" résonnent contre la muraille rocheuse de près de 500 mètres de haut de ce théâtre naturel, portés par des comédiens qui font bloc aux côtés des autorités et des organisateurs pour maintenir le festival dans le cirque.