Le Nîmois très en forme est une des stars des J.O. de Londres. Double champion olympique et médaille d'argent.
Yannick Agnel, jusqu'alors considéré comme un jeune prodige, est devenu un grand champion en glanant 2 médailles d'or olympiques et 1 d'argent en 3 courses à seulement 20 ans, grâce à des qualités aquatiques exceptionnelles et une détermination à toute épreuve.
Jamais aucun nageur n'avait décroché deux titres olympiques lors des mêmes JO dans toute l'histoire de la natation française. Agnel l'a fait. Et avec maestria.
D'abord sur le relais 4x100m libre puis sur le 200m libre. Et l'histoire ne s'arrêtera pas là.
. Un profil aquatique exceptionnel
Agnel est un nageur grand (2,02 m), à l'allure filiforme et aux longs bras. Il a une belle glisse sur l'eau et des appuis solides. Il a une bonne pénétration dans l'eau. Il impressionne par sa fluidité et sa façon de se poser sur l'eau et de la "prendre". Arrivé à l'âge de 15 ans à Nice pour s'entraîner avec Fabrice Pellerin, qui est toujours son entraîneur, Agnel n'avait pas encore de masse musculaire, ce qu'il a travaillé, tout en douceur. Il a commencé un travail foncier athlétique il y a un an et son corps devrait encore changer dans les trois années à venir, pour devenir plus puissant sans se transformer en +Monsieur Muscles+. Il a débuté en natation avec le 200 m libre et le 400 m libre, distance qu'il a abandonnée
cette saison. Le 100 m libre s'est ajouté au programme il y a deux ans. Encore frêle des bras, il lui a fallu du temps pour appréhender la distance. C'est désormaischose faite.
. Une détermination incroyable
Agnel épate par ses qualités physiques mais ce qu'il faut surtout retenir, c'est sa détermination à avoir ce qu'il veut. Enfant, Agnel a dit: je veux être champion olympique, je serai champion olympique. "Il est +autodéterminé+. Il a des désirs et il travaille pour ça. Il a le goût de l'effort. A l'entraînement, il est toujours dans la sueur. Il a de fortes capacités à travailler. A 15 ans, il s'est retrouvé dans un studio, avec des contraintes, la scolarité, se lever tôt le matin, faire ses devoirs le soir, être loin de ses parents", explique Pellerin. "C'est un hargneux, à l'entraînement il est combattant, il ne laisse pas sa part aux autres, il en était même chiant", raconte Patricia Quint, entraîneur national et coordinatrice
de l'équipe de France, qui a eu Agnel en stage quand il était adolescent. "S'il n'avait pas eu la natation, il aurait réussi autrement".
. Un tandem parfait avec son entraîneur
"Ca fait 6 ans que je m'entraîne avec Fabrice (Pellerin). Il m'a apporté à peu près tout ce que je peux trouver en lui. C'est un duo qui marche super bien. C'est quelqu'un de très réfléchi et ça je l'apprécie énormément. On a aussi des discussions autres que la natation", souligne Agnel, qui a quitté Nîmes pour s'installer à Nice à 15 ans. Agnel a adhéré à la méthode de travail de Pellerin, une vision élitiste de la performance, qui colle bien au nageur, lui-même brillant et qui cultive à souhait une image +d'intello+.
. Une image d'orgueilleux
"Les gens qui ne le connaissent pas le disent fier et orgueilleux. Oui, il est orgueilleux mais heureusement. Il est fier mais dans le sens positif. C'est un garçon très attachant. Il est rigolo et il a de l'humour", dit Patricia Quint.
Une moisson de médailles en 3 jours et ce n'est pas fini
Comme dimanche, comme lundi, comme mardi, c'est Yannick Agnel qui sera encore une fois l'homme à battre mercredi, aux Jeux de Londres, avec la possibilité pour le Nîmois de rentrer dans la légende de la natation, aux côtés de l'Américain Mark Spitz.
S'il parvient à remporter le 100 m nage libre, après ses victoires sur 200 m et au relais 4x100 m, le "squale" de 20 ans sera le premier depuis Mark Spitz en 1972 à Munich à être sacré sur ces trois courses lors des mêmes Jeux.
Depuis Spitz, un seul autre nageur, le Néerlandais Pieter Van den Hoogenband, a réussi le doublé 100-200 m aux Jeux, en 2000 à Sydney.
En s'alignant au départ, à 21h20 heure française, Agnel pourrait donc conserver pour la France ce titre de champion olympique décroché par Alain Bernard en 2008 à Pékin. Et au passage il rejoindrait le cercle très fermé des Français triples champions olympiques sur une seule édition des JO, dont un certain Jean-Claude Killy. C'était en 1968, à Grenoble, pour des Jeux d'hiver.