José Bové se déclare satisfait mais reste prudent face à l'interdiction du maïs OGM en France
L'interdiction temporaire de la culture du maïs transgénique en France a été accueillie
comme une bonne nouvelle par les écologistes, même si certains s'inquiètent de la fragilité de cette mesure et redoutent que des semis OGM soient déjà plantés.
Vendredi soir, le ministre de l'Agriculture a annoncé "une mesure conservatoire visant à interdire temporairement" la culture du maïs transgénique Monsanto (MON810) afin de "protéger l'environnement", affirmant que cette décision avait été prise "en raison de la proximité des semis".
L'eurodéputé d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) José Bové, a salué cette décision, estimant que le gouvernement avait "respecté la parole donnée". "Je suis satisfait, je le dis de façon très claire, que le gouvernement ait respecté ses engagements", a-t-il déclaré, soulagé aussi que cette décision intervienne "avant la période des semis".
"Le risque est écarté. Nous avons désormais la garantie qu'il n'y aura pas de culture de maïs OGM en 2012. C'est la quatrième année consécutive, c'est évidemment une bonne nouvelle", a-t-il ajouté.
Greenpeace, en revanche, a qualifié de "fragile et tardive" la décision du gouvernement d'interdire temporairement la culture du maïs transgénique, après l'annulation, en novembre dernier, de la suspension qui était en vigueur depuis 2008. Ainsi, elle "n'a peut-être pas empêché la semaille d'OGM en France au cours des semaines passées", ajoute l'organisation écologiste.
"Depuis novembre et jusqu'à aujourd'hui, tout agriculteur désirant semer du maïs OGM en avait légalement le droit. Personne ne peut donc garantir que certains exploitants français favorables aux OGM n'aient profité de la période du début des semailles pour semer du maïs OGM", estime l'ONG.
Par ailleurs, la décision du gouvernement français "apparaît comme bien fragile au regard de celle prise par la Cour européenne de Justice d'annuler le moratoire de février 2008", ajoute Greenpeace, qui s'interroge: "Combien de temps durera
le montage juridique de la France?".
Le Conseil d'Etat avait annulé fin novembre la suspension de culture du maïs OGM
de Monsanto prise par le gouvernement français en février 2008 et remise en cause en septembre dernier par la Cour de justice européenne.
Le 20 février, le gouvernement a demandé une nouvelle fois à la Commision européenne
de suspendre l'autorisation de mise en culture du maïs OGM MON810, en s'appuyant sur de nouvelles études scientifiques.
De son côté, l'Union nationale de l'Apiculture française (Unaf) a salué l'annonce du gouvernement tout en s'inquiétant, elle aussi, des "semis possiblement réalisés": "Selon plusieurs informations, des semis de maïs ont déjà commencé dans certaines régions, les conditions météo étant au rendez-vous", écrit le syndicat dans un communiqué.
"Il est donc possible que quelques semis marginaux de maïs MON810 aient été réalisés
avant l'entrée en vigueur de l'interdiction", affirme l'Unaf, affirmant que "les OGM sont incompatibles avec la santé de l'abeille et la pratique de l'apiculture".
José Bové, qui est aussi le porte-parole de la candidate à la présidentielle, Eva Joly, rappelle que "la nouvelle majorité, quelle qu'elle soit, aura la responsabilité de la prolongation du moratoire sur les OGM et devra garantir aux paysans et aux consommateurs le droit de produire et de consommer sans OGM".
Au sein du Conseil européen, "le futur ministre de l'Agriculture devra oeuvrer pour l'interdiction communautaire des plantes transgéniques à la culture, dont
le bénéfice n'a pas été mis en évidence", ajoute-t-il.