Pour Juliette et moi, l’issue est proche, et nous sommes enchantées d’en finir… Et de s’en sortir saines et sauves. Plus jamais ça !
Tant de dureté, tant d’épreuves, tant d’inconnues…Le blizzard et les moins 20 quotidien sont presque une bénédiction pour nous, alors qu’ils paralysent tout le reste de la troupe. De l’aveu même de Jean-René, et il ne nous le dira qu’une fois que nous sommes sauvés ! " La traversée des Encantats a été très compliquée". Nous avons eu beaucoup de mal à nous repérer dans ce relief accidenté, que les zones de glace et la formation de grosses congères n’ont pas facilité.
On a dû également être particulièrement vigilant à prévenir la formation des engelures. Et le vent ne nous a jamais laissé de répit. Des conditions hivernales rudes, dans un massif fascinant, sauvage et énigmatique, plein de surprises.
Nous endurons ces dernières heures avec joie. Car on sait que cette journée là aura une fin, que la douleur s’arrêtera, que la chaleur reviendra….
Epilogue : Nous mettrons bien deux semaines à nous remettre de cette expédition…
Les pieds, les muscles, le dos, et surtout la tête…Impossible de réintégrer la société d’office…On marche sur la lune ici. Le virtuel, c’est en bas, ce n’est pas là haut.
Et à la troisième semaine, cette envie de repartir qui nous effleure ! C’est pas vrai ! C’est quoi ce délire ? On a peine à y croire… Et peu à peu, on comprend….
Nous sommes bien en altitude. Il a beau faire moins 20, on a beau courir le risque d’y laisser quelques orteils…
On plie sous les bourrasques, on chausse ses peaux de phoque, on déchausse, on grimpe un, deux, trois cols, on redescend à ski, on ouvre une voie au piolet, ou dans une neige lourde et épuisante…Endurants, résistants, rustiques, on profite de ce bout du monde quasi inaccessible : Les Pyrénées l’hiver ! C’est pour toute cette beauté, et pour sa propre liberté que cela vaut de vivre une telle aventure, courir ce risque, et se mettre en danger.