Le témoignage de cette femme de 60 ans est éloquent. Locataire depuis 20 ans, elle doit quitter sa maison.
Elne : Protection contre les coupures d'EDF
Avec des fins de mois difficiles, les factures s'entassent . A Elne, dans les Pyrénées Orientales, le maire a tout simplement pris des arretés municipaux nominatifs.15 familles étaient menacés de coupure de courant.
Rien que dans la ville de Montpellier, on estime que 50 familles seront expulsées de leur logement, pour impayés ou parce que le propriètaire souhaite reprendre l'usage de son bien.
C'est le cas de cette femme de 60 ans qui vit seule depuis 20 ans dans cette petite maison. Elle est victime de la pression immobilière.
Son témoignage en vidéo.
La trêve hivernale c'est quoi ?
La trêve hivernale court du 1er novembre au 15 mars. Pendant cette période, les locataires ne peuvent se faire expulser, même si leurs propriétaires, ont engagé une procédure judiciaire.
A l'approche du 15 mars, "c'est le retour de l'angoisse pour des milliers de familles", affirme Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au Logement.
Samedi, quelques milliers de personnes ont manifesté à Paris, pour réclamer l'arrêt des expulsions sans solution de relogement.
"Il faut stopper cette méthode moyenâgeuse. Plus de 100.000 familles sont potentiellement expulsables. Nous ferons tout pour nous opposer aux expulsions, même physiquement", promet Serge Incerti-Formentini, président de la Confédération nationale du logement.
Mais le ministre délégué au Logement Benoist Apparu s'oppose à un moratoire des expulsions, qui, selon lui, "déresponsabilise" les locataires.
"L'expulsion, pour les propriétaires, ce n'est pas un plaisir", souligne Jean Perrin, président de l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI). "Ca veut dire qu'ils ont au moins deux ans de loyers impayés qu'ils ne récupèreront quasiment jamais. Or tous ne roulent pas sur l'or et ils continuent à payer les charges".
L'UNPI demande la suppression de la moyenâgeuse hivernale.
Mais "au-delà des interventions de la force publique, près de 50.000 ménages sont contraints de quitter leur logement", affirme la Fondation Abbé Pierre, car "la plupart n'attendent pas la visite de la police pour libérer les lieux", souvent en catimini.
En cause, l'explosion des loyers, "le surendettement de plus en plus important",
selon Olivier Bernard, président de Médecins du Monde.
Tous, gouvernement compris, regrettent le manque de prévention en amont pour éviter ces expulsions toujours traumatisantes.
"On s'aperçoit des situations trop tardivement, au bout de plusieurs mois d'impayés, quand la procédure judiciaire est enclenchée", regrette Matthieu Angotti, de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars).
Le gouvernement a mis en place depuis 2009 des commissions de prévention des expulsions dans chaque département, mais "ce sont des coquilles vides", déplore la Fnars.
Le ministre Apparu reconnaissait en octobre qu'elles ne sont pas encore toutes efficaces.
"Pour un huissier de justice, l'expulsion est un échec", ajoute Jean-Daniel Lachkar, président de la Chambre nationale des huissiers de justice. "Les gens ont honte de dire qu'ils sont en difficulté, mais il faut qu'ils viennent nous voir dès que le jugement d'expulsion est prononcé, pour qu'on trouve des solutions, par des étalements de la dette".
"Dès les premiers loyers impayés, il faut que locataires et propriétaires se rencontrent
pour trouver une solution: soit un relogement amiable à des prix moins élevés,
soit un apurement de la dette avec l'aide du Fonds de solidarité logement, des
allocations familiales, etc.", ajoute le président de l'UNPI.