Elu avec 22.780 voix contre 22.110 voix pour la socialiste Katie Guyot, Gilbert Collard entre à l'Assemblée.
La victoire de Collard à Vauvert dans le Gard
Le député se réclame du rassemblement Marine.
Aux électeurs du Gard, Gilbert Collard, candidat FN aux législatives, expliquait durant la campagne qu'un député devait être "un casse-couille". Victorieux dimanche, l'avocat habitué aux coups d'éclat médiatiques entre à l'Assemblée pour y "foutre le bordel". Lundi matin, il précisait son rôle, en assurant sa volonté d'être « orchidoclaste ».
Gilbert Collard, élu député FN hier, dans le Gard, est revenu sur le terme « casse-couilles » – pour définir son rôle dans l’Assemblée nationale – ce matin, au micro de Europe 1. L’avocat préfère parler de « orchidoclaste », car « ça devient un terme très convenable, c’est du grec, du latin ». Plus classe, mais moins clair tout de même. Pour lui, « On (le FN, ndlr) n’aura pas trop de mal à exister. Aujourd’hui, nos collègues ne font pas preuve de pugnacité ou d’originalité. Si on arrive à faire entrer quelques débats, quelques idées, ce serait bien. »
Le Front national retrouve l'Assemblée nationale après 14 ans d'absence, mais sans sa présidente Marine Le Pen, battue d'extrême justesse dans le Pas-de-Calais. Ce sont sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen (22 ans) et Gilbert Collard (64 ans) qui représenteront le FN au palais Bourbon.
Gilbert Collard : l'avocat camarguais frondeur et frontiste
A l'Assemblée, il sera "un casse-couille". C'est en tout cas ce qu'il a promis aux habitants de Gallician, hameau de Vauvert en Petite Camargue où il a acheté un mas il y a dix ans, dans la 2e circonscription du département qui a vu son élection à l'issue d'une triangulaire contre un UMP et une PS.
"C'est quoi un parlementaire ? Un homme qui vote en appuyant sur un bouton, aux ordres d'un parti ? Non, c'est un casse-couille démocratique. On va foutre un tel bordel dans l'hémicycle que peut-être ils n'y dormiront plus !", y lançait-il lors d'un meeting en mai, sur un ton populiste assumé.
Cet habitué des prétoires, né le 3 février 1948 à Marseille et élevé chez les pères maristes dans le Var, n'a pas eu à forcer sa verve pour séduire un électorat déjà conquis par Marine Le Pen à la présidentielle.
Marine Le Pen, il en était proche depuis longtemps. Cela remonte au divorce de ses parents, quand l'avocat défendait Pierrette Le Pen contre Jean-Marie. Il a d'ailleurs fallu qu'elle s'empare du Front pour qu'il y vienne.
Avec la patronne du FN, il est "d'accord sur tout", sauf la peine de mort. "Jean-Marie, je lui reprochais d'être comme mon père, un homme trop prisonnier de l'histoire récente", confiait M. Collard à l'AFP il y a un mois.
Un père "très complexe", décrit-il dans son autobiographie, "Avocat de l'impossible".
"A la fois camelot du roi, dans l'esprit d'abattre la République, notaire de la fille adoptive de Maurras puis communiste, pourchassé par la collaboration, destitué de sa charge puis réintégré à la Libération, résistant dans le maquis de Clermont-d'Auvergne".
Sa mère, bourgeoise réfugiée à Vichy, a de l'estime pour Pétain: "En somme, j'ai reçu une éducation anarchisante dans un milieu de droite, où j'ai lu à la fois Maurras et Marx". L'homme du grand écart, assurément.
En politique, après avoir adhéré "complètement" à Mai 68, Gilbert Collard milite au PS, tout en fréquentant les trotskistes de Pierre Lambert. Mais cet "homme de
gauche" est "contrarié" par le succès de Bernard Tapie auprès de Mitterrand. Il optera pour le parti radical valoisien, "pour se loger", dit-il. Et se présenter aux municipales à Vichy en 2008.
Alors au final, pourquoi le FN - dont il n'a toujours pas la carte ? "J'étais proche de Pasqua moi, j'ai toujours été souverainiste". Et parce que "la gauche n'est plus la gauche, la droite n'est plus la droite".
La carrière de l'avocat a aussi de quoi surprendre
Membre du Mrap, association antiraciste et ennemie jurée du FN, il en démissionne en même temps qu'il en est exclu en 1990 quand il prend la défense du négationniste Bernard Notin.
De nombreux coups d'éclat médiatiques suivront, de l'affaire de la profanation du cimetière juif de Carpentras --avec la fameuse enveloppe contenant les noms de soi-disant coupables qu'il brandit face aux caméras-- à celle de l'Arche de Zoé. Ses clients allant de Richard Virenque à Laurent Gbagbo en passant par Christine Deviers-Joncour, Aurore Drossart ou le général Aussaresses.
Sans oublier les amis d'Ibrahim Ali, jeune d'origine comorienne assassiné en 1995 à Marseille par des colleurs d'affiches du FN.
Il en ferait de même aujourd'hui, jure cette "grande gueule" de RMC, reniant toute contradiction et assurant "se foutre de tout". A une nuance près: "Je me soucie plus d'entendre du mal de moi que du bien", écrit-il dans son livre.
Gilbert Collard assure avoir reçu des félicitations de l'UMP
Gilbert Collard, élu député du Gard pour le FN, a assuré lundi matin avoir reçu des messages de félicitations, qui sont à ses yeux "des messages de rapprochement", venant de l'UMP.
Sur BFMTV-RMC, l'avocat proche de Marine Le Pen a lancé : "on va créer des ponts.
Hier soir, j'ai reçu beaucoup - pas des centaines mais quelques-uns - de messages de félicitations qui sont en même temps des messages de rapprochement".
"Ils ne me tendent pas la main pour une alliance demain, mais clairement, on voit qu'ils ne seraient pas hostiles à l'idée de travailler ou discuter avec moi", a-t-il affirmé.
"On sent qu'on va pouvoir discuter, c'est évident", a-t-il insisté.
Convié à citer des noms de ces UMP, il a répondu : "vous me prenez pour une balance, ou quoi ?"
Gilbert Collard député : une tache brune dans l'océan rose du Languedoc-Roussillon
La victoire du frontiste Gilbert Collard dans la 2e circonscription du Gard (Saint-Gilles) peine à occulter le raz-de-marée rose qui a submergé la région Languedoc-Roussillon, l'UMP n'y détenant plus désormais que deux sièges de députés sur 23.
Le PS et les écologistes d'EELV détiennent à eux seuls 20 sièges au total dans les cinq départements de Languedoc-Roussillon, et réalisent le grand chelem dans l'Hérault et dans l'Aude.
Dans l'Hérault, les socialistes passent de deux à neuf sièges, ravissant les cinq détenus jusque-là par l'UMP et gagnant les deux nouvelles circonscriptions. Cette vague rose a emporté les députés UMP Robert Lecou, Elie Aboud, Gilles D'Etorre ainsi que le villepiniste UMP Jean-Pierre Grand, alors que Jacques Domergue ne se représentait pas.
Même déroute dans le Gard, où l'UMP a perdu les cinq sièges sur six qu'elle comptait.
La défaite la plus emblématique s'est produite dans la circonscription de Saint-Gilles où le sortant UMP Etienne Mourrut a été balayé par l'avocat mariniste Gilbert Collard, désormais l'un des deux élus FN de France.
Les socialistes l'emportent en revanche facilement dans les cinq autres circonscriptions, dont trois fois en triangulaire PS-UMP-FN.
Dans les Pyrénées-Orientales, où se présentait le N°2 du FN Louis Alliot, le parti d'extrême-droite n'a pas concrétisé ses espoirs de victoire ni à endiguer la poussée socialiste.
Alors que l'UMP tenait les quatre circonscriptions, le PS en enlève trois, les 1ère, 3e et 4e. La seule qui leur échappe est celui du député sortant UMP Fernand Siré, bénéficiaire d'un désistement du FN en sa faveur, dans la 2e circonscription (Perpignan-Rivesaltes).
Malgré un appel du FN à la battre, Ségolène Neuville, 41 ans, l'emporte à Perpignan-Prades face à Jean Castex, conseiller social de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
Dans l'Aude, terre socialiste, le PS conserve sans surprise ses trois sièges, dans les circonscriptions de Carcassonne, où le frontiste Robert Morio réalise un score record dans ce département (39%), Limoux, et Narbonne, où Marie-Hélène-Fabre devient la première femme députée de l'Aude.
Seule la Lozère, qui avait voté majoritairement pour Nicolas Sarkozy à la présidentielle, est restée fidèle à l'UMP, de justesse toutefois.
Dans l'unique circonscription du département, le député sortant Pierre Morel-à-L'Huissier (UMP) a remporté de 411 voix (50,52%) son duel face à la socialiste Sophie Pantel.