Le site héraultais est jumelé depuis 1 mois avec la grotte de Furong à Wulong (Chine).
Avides de conseils et de techniques pour protéger leur site, les dirigeants de la grotte de Furong à Wulong (Chine), déjà associés à des Américains, ont invité leurs homologues du site de Clamouse à Saint-Jean-de-Fos dans l'Hérault à signer un accord de jumelage.
La cérémonie a eu lieu le 27 juin à l'entrée de cette grotte du centre de la Chine, la seule sur la liste du patrimoine mondial naturel.
Découverte en 1993, elle accueille depuis 1994 6 millions de visiteurs par an dans ses 2.392 m de galeries, 56 puits, dont les 4 plus profonds d'Asie, 9 gouffres et 45 cavernes.
"Il y a une volonté de coopérer pour la protection et le développement", souligne la chef d'exploitation de Clamouse, Mireille Bonvarlet, précisant que le Parc national de Mammoth Cave (Kentucky/USA), qui abrite le plus grand réseau au monde de grottes calcaires, est déjà jumelé avec les Chinois depuis 2010.
"Les Chinois veulent vraiment faire beaucoup de choses. Les Américains peuvent apporter des moyens à la protection sans produit chimique", se félicite Mme Bonvarlet, soulignant que ce "partenariat riche" offre un autre très grand intérêt: "On a pris pied en Chine".
Jumelage et "Label mondial"
Petite en termes de fréquentation avec 100.000 visiteurs annuellement, à côté de Furong et Mammoth Cave, Clamouse, classée "grand site de France" mais aussi "site scientifique et pittoresque", n'en reste pas moins une géante incomparable en termes de concrétions, avec toutes les formes de cristallisation.
Mais au-delà de cette spécificité, la volonté des Asiatiques valide la politique de protection de Clamouse pour ses 900 mètres de galeries (sur 5 km au total) ouvertes depuis 1964 au public, curieux de voir ses aragonites (des formes minérales qui ressemblent à de la neige), qu'on ne trouve que dans 1% des grottes, ou ses stalactites excentriques.
L'ambition des Chinois, avec ce qu'ils ont appelé la réunion "des trois plus grandes grottes karstiques du monde", est de créer un "label mondial". "On ne veut pas être donneurs de leçons mais ils ont besoin de nous. Leur grotte souffre de la pollution", précise la présidente de Clamouse, Nicole Dubois.
"Le but est d'établir une plate-forme d'échanges, qui jouera un rôle d'exemple international de protection et d'administration du patrimoine mondial grâce à l'expérience et à la recherche scientifique", complète le responsable de la communication, Frédéric Viguier.
"Pionnière"
Clamouse, cette cathédrale du temps où le travail scientifique se poursuit avec
des carottages pour étudier la climatologie, et où Michel Siffre, 60 ans, vétéran
de la spéléologie française, s'était installé hors du temps pour basculer à tâtons
dans l'an 2000, peut servir de modèle.
Elle est déjà pionnière dans la lutte pour la prolifération de plantes nées des
spores accrochées aux chaussures. Pour réduire la lumière favorisant la photosynthèse,
elle a aussi installé des sas et réduit les périodes d'éclairage: chaque guide
allume et éteint la lumière au fur et à mesure des visites.
Les Français sont allés plus loin à partir de 2009. L'idée a été de supprimer
les spots, qui altéraient aussi l'équilibre thermique, et d'installer à la place
quelque 400 leds qui ne chauffent pas, un investissement de 100.000 euros.
"Nous avons divisé ainsi notre consommation d'électricité par 45: nous utilisons
2 kw/h contre 90 kw/H. Et côté esthétique, c'est sans comparaison", affirme Mme
Dubois. Et les visiteurs apprécient: "C'est la plus belle grotte que je n'ai jamais
vue", assure Denise Blary, 52 ans.