A l’ouest, il y a du nouveau… les sommets s’estompent de plus en plus…On se rapproche de l’Atlantique.
L’impression de vivre dans un monde à part s’intensifie…Un privilège, hors du monde. La volupté, c’est de s’élancer.. Marcher en terres inconnues…Dormir sous d’autres étoiles. Ne pas savoir, à chaque foulée, quel terrain s’offre à nous, quels arbres, quel amas rocheux. Vivre minute après minute, sans certitude ni assurances vie, sans chemin tout tracé…Libre de sentir, respirer, libre d’en chier, de se mouvoir entre les arbres, l’herbe et les névés. Filer à la vitesse du torrent que nous longeons ou peiner dans les montées. Vivre libre, dans son jus de chaussette et dans son corps entier, c’est le raffinement suprême ! Et puis ne jamais redescendre vraiment ; ni vers les vallées, ni vers les hommes et tout ce qu’ils charrient.
Nous courons dans le ciel, nous traversons des névés, portons notre abri et notre survie sur le dos, autarcique, sans besoin autre que de bons muscles en mouvement, de notre énergie, notre moteur. On brave le froid, on en bave, on endure mais on s’endort heureux sous les étoiles. On a raison. On se gagne notre journée, du sens à la vie, des souvenirs
Et en cette fin d’après-midi, je connais à nouveau la fortune !….La cayolar de pierre et de bois à portée de ski, à la confluence de 2 rivières, un petit rocher promontoire qui m’abrite du genre humain. Juste à côté pour me rassurer dans ce milieu tellement hostile, mais invisible pour me foutre la paix. Une paix immense qui me met la joie au cœur.
Du refuge de Belagua (1420m)on grimpe sur la crête au port de Bimbaleta (1677m), une incartade en France pour revenir par le port de Belhay (1731m) puis le Uthurourdinétako Portilloua(1664m) et dormir au cayolar d’Ardané |