Les voisins de Merah se mobilisent pour obtenir réparation
Les anciens voisins de Mohamed Merah sont sortis de leur silence à Toulouse pour obtenir réparation des dommages causés par l'assaut du Raid dans leur immeuble et mettre fin à un parcours du combattant de plus de quatre mois entre administrations, assurances et syndic.
Comité 17
Regroupés en un "Comité 17", une quinzaine de voisins du tueur ont raconté les affres endurées pour obtenir le remboursement des travaux de colmatage des impacts de balles dans les murs ou dans les voitures garées dans la rue, le remplacement d'une porte crevée par les projectiles ou encore la prise en charge des soins psychologiques.
Malgré les promesses de diligence faites à l'époque, ces voisins vivant dans la même cage d'escalier que Merah au 17 rue du Sergent-Vigné ou dans la même rue ont décrit, le jour où le Canard enchaîné consacrait un long article à leurs vicissitudes, les atermoiements d'administrations et d'assurances se renvoyant la balle. Ils réclament un interlocuteur unique.
Locataire du 3ème étage de l'immeuble, Coumba Ba, 26 ans, dit payer de sa poche les 60 euros déboursés chaque semaine depuis mi-avril pour les séances chez le psychologue pour sa fille de 4 ans et demi; "ça devait être pris en charge, mais finalement j'ai dû faire avec mes moyens, et maintenant je veux juste partir de Toulouse".
Leonie, une serveuse de 22 ans, relate n'avoir tiré que 500 euros de sa voiture criblée de balles et avoir dû en acheter une nouvelle.
"Notre colère vient aussi du fait qu'on doive se battre pour chaque détail", renchérit Florence, 41 ans, qui a vu le plancher de son appartement juste en-dessous de celui de Merah détruit.
Des appartements difficiles à vendre
Quatre familles ont déjà quitté l'immeuble, rapporte le concierge, et d'autres cherchent à vendre. Mais, témoigne une habitante de 23 ans, "quand ils voient que c'est l'immeuble de Merah, certains acheteurs ne prennent même pas la peine de monter".
Au-delà des factures, les habitants demandent aussi de la considération, et une prise en compte des séquelles psychologiques. "On n'est pas bien", répète Alejandro Vargas, 47 ans, mais le suivi psychologique est inégal, certains reçoivent même factures et relances du Trésor Public. "La préfecture et le Service d'aide aux victimes, d'information et de médiation (SAVIM) nous disent de ne pas en tenir compte", dit le chef d'entreprise, dans son salon, mitoyen de l'appartement dans lequel Merah a résisté à un siège de plus de 30 heures avant de tomber sous les balles du Raid.