"La justice des gens"

Les victimes, morts, blessés et proches, au coeur de la plaidoirie de maître Carrère...

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AZF : la plaidoirie de maître Carrère

Thierry Carrère, avocat de parties civiles, a fait une plaidoirie centrée sur les victimes.

"La vie, c'est ce qu'on en fait" : telle était la philosophie de Frédéric Bonnet, 27 ans, mort dans l'explosion de l'usine AZF alors qu'il effectuait l'entretien des lignes électriques sur le site.

C'est sa compagne, Camille Piantadina, que représente - entre autres - maître Thierry Carrère. Au début de sa plaidoirie, l'ancien bâtonnier de l'ordre des avocats de Toulouse a évoqué ce matin du 21 septembre 2001 : l'au-revoir entre Camille et Frédéric, le baiser peut-être... Puis la catastrophe. Et l'insupportable silence pour cette jeune femme qui sera sans nouvelles pendant près de 24 heures. Jusqu'à ce que l'interne d'un hôpital accepte de lâcher une information officieuse : Frédéric est mort.

Par cette évocation, terrible, et tellement réaliste dix ans après les faits, maître Thierry Carrère a d'emblée replacé les victimes au coeur de ce procès pendant lequel on les a finalement peu entendues. "Je n'oublie pas Frédéric Bonnet, sa joie de vivre, sa beauté, son optimisme, et toutes les promesses que lui faisait la vie...", a-t-il notamment déclaré.

Avant d'évoquer "la justice des gens", celle qui se déroule en ce moment même, quand certains voudraient la voir se dérouler ailleurs, dans une juridiction créée spécialement pour les catastrophes industrielles. "Comme on serait bien entre nous, entre chimistes, ingénieurs, experts, dans une petite salle douillette et pourquoi pas à Paris ? Loin, très loin de la justice des gens. Mais derrière les faits, les mises en cause, les explosions, il y a précisément des gens, il y a des morts, il y a de la chair mutilée, souillée. Il y a précisément ces gens qui viennent jusque dans nos palais de justice porter leur souffrance !"

Si Thierry Carrère ne croit pas en l'image d'une "usine-poubelle", il qualifie AZF de "danger au coeur de notre ville" depuis 1924.  Selon lui, cette usine n'avait ni budget, ni avenir. Elle était condamnée, du moins le secteur nitrates, depuis la fusion entre Total et Elf.

Thierry Carrère l'a martelé : les "responsables" ont failli, tant au niveau de la formation des salariés sous-traitants que des relations avec les organismes de contrôle. Pour toutes ces raisons, la cour d'appel de Toulouse ne peut que réformer, selon lui, un jugement de première instance que les parties civiles n'ont pas compris. Seule une condamnation "des plus sévères" aurait un sens. 

S'adressant à la cour, il a conclu ainsi : "Vous allez nous sauver de l'immense chaos qu'a provoqué cette catastrophe. Vous allez rétablir l'ordre et la justice. Quelle belle décision, celle qui rappellera ce principe de responsabilité cher à Frédéric Bonnet : "La vie, c'est ce qu'on en fait"...

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