La mère de Mohamed Merah est en colère

Zoulhika Aziri est une mère en deuil . C'est aussi une femme en colère contre son fils.

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Zoulhika Aziri est une mère en deuil parce qu'elle a perdu son fils Mohamed Merah.
Et c'est aussi une femme en colère : contre lui pour ce qu'il a fait, et contre
elle-même, parce qu'elle n'a pas su l'empêcher de commettre cette "folie meurtrière"

"Mercredi, son monde a basculé. Tout s'est effondré", raconte Me Jean-Yves Gougnaud,
qui la défend.
 Ce jour-là, Mme Aziri apprend que son fils de 23 ans est probablement l'assassin
qui a froidement exécuté trois enfants et un enseignant juifs ainsi que trois parachutistes
dans les 10 jours précédents.
 Mohamed Merah est cerné dans son logement à Toulouse à
l'issue d'une gigantesque chasse à l'homme. Vers 3H00 du matin, les policiers du
Raid lancent un premier assaut. Mohamed Merah riposte, blessant plusieurs policiers.
Des heures de négociation commençent et les policiers demandent à la mère du jeune
homme de le convaincre de se rendre, ce qu'elle refuse.
 "Elle le savait, dès le début, que son fils ne l'écouterait pas, que le contact
avait été coupé depuis longtemps, que ça ne servirait à rien", justifie son avocat
devant l'hôtel de police de Toulouse où Mme Aziri a été
longuement entendue.
 Car Mme Aziri a été placée en garde à vue, comme son fils Abdelkader, âgé de 29
ans, et la compagne de celui-ci. Elle a été relâchée vendredi soir, tandis qu'Abdelkader
et sa compagne ont été transférés samedi matin à la Sous-direction antiterroriste
(SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
 "Ces trois jours de garde à vue ont été difficiles mais elle a coopéré", a assuré
son avocat. C'est une femme "en colère", qui "se demande pourquoi son fils lui
a fait ça", mais aussi une mère en deuil "car quoi qu'on en dise, elle a perdu
son fils".
 Elle craint les représailles
 "Est-ce que j'aurais pu le prévoir", "est-ce que j'aurais pu éviter les choses"
: ces interrogations taraudent cette mère de famille, rongée par le remords et
la culpabilité.
 A 16 ans, Mohamed Merah quitte l'école, après un parcours chaotique. Il sombre
dans la petite délinquance : vols, violences, outrages... En juin 2010, une famille
porte plainte après qu'il eut contraint un jeune homme à regarder des vidéos de
supplices, et frappé la soeur de l'enfant qui le lui reprochait.
 Alain Penin, un psychologue qui a examiné Mohamed Merah en 2009, décrit une mère
de famille "complètement dépassée dans ses responsabilités éducatives et (qui)
n'a pas pu assurer la sécurité affective de ce garçon, qui a été placé en foyer,
en famille d'accueil et en institution".
 Son mari l'a quitté alors que le jeune Mohamed avait cinq ans, se retirant définitivement
en Algérie. Entre dans l'environnement familial un beau-père "avec un profil de
radical islamiste". Mohamed se met "à faire le ramadan, à faire la prière, à lire
le Coran".
 Pour l'expert ainsi que pour l'avocat de Mohamed Merah, Me Christian Etelin, la
déception de ne pouvoir intégrer la Légion étrangère a aussi déclenché la radicalisation
de Merah qui s'est "enfermé dans un ressentiment" après cet échec.
 Zoulhika Aziri "n'avait rien vu venir", selon son avocat. Ce dernier a refusé
de dire si la mère de famille avait connaissance des voyages du jeune homme en
Afghanistan et au Pakistan, tout comme il a refusé de s'exprimer sur le fond de
l'affaire et le contenu des auditions de sa cliente.
 "Elle ne peut être tenue responsable du comportement de son fils. Il ne faut pas
jeter la pierre à cette mère", plaide Me Gougnaud. Cette femme de 55 ans "a fait
preuve de compassion et de sollicitude vis-à-vis des victimes. En tant que mère,
elle se met à la place des proches", explique-t-il.
 Mais Zoulhika Azira est aujourd'hui "inquiète", selon Me Gougnaud : "elle a peur
de représailles, c'est pour ça qu'elle ne reviendra pas chez elle pour l'instant".

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