La voie étroite d'Elie Aboud

Invité de «La voix est libre» en 2010 sur France 3, le député UMP de Béziers avait commis un lapsus révélateur.

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Au lieu d’employer l’adjectif « équilibrées » pour qualifier ses prises de position, il avait dit : « équilibristes »… Et c’est vrai que dans cette circonscription marquée par un fort vote FN, il lui faudra atteindre plusieurs objectifs compliqués, voire contradictoires, qui demandent de réels talents de funambule.

D’abord, mobiliser son propre camp. Ce sera peut-être là le principal défi du député sortant car depuis 2010, la belle entente entre le maire de Béziers, Raymond Couderc, et son premier adjoint, Elie Aboud, est brouillée.

Le contentieux date des élections régionales. Raymond Couderc est tête de liste UMP mais sa campagne patine et dans son camp, personne ne se bouscule pour faire campagne et le soutenir. Elie Aboud lui aussi se contente du minimum (c’est en tous cas ce que lui reproche le maire de Béziers) et se laisse même aller à évoquer un destin personnel à la tête de la mairie…

Dans une interview à Midi Libre peu après le deuxième tour du scrutin, Raymond Couderc avait mis les choses au point : la succession à la tête de la mairie n’est pas ouverte, il sera candidat en 2014 et affirme ne « pas être en guerre avec Elie Aboud », mais le fait même de devoir le préciser en dit long sur l’ambiance entre les deux hommes. Tout cela a-t-il été oublié depuis ? La question reste posée…

Autre défi de taille : tenter à la fois de séduire l’électorat de droite « dure » sans effaroucher celui de la droite modérée. Elie Aboud, membre de la droite populaire, conjugue une personnalité toute en empathie et en chaleur humaine, avec des prises de position très droitières et propositions de loi destinées à toucher l’électorat du Front National. C’est lui par exemple qui a fait passer l’interdiction de déployer des drapeaux étrangers lors des mariages. Très présent sur le terrain, il affirme aussi se sentir proche de certaines valeurs de gauche. Bref, le grand écart permanent... Pour préserver un réflexe type « front républicain » en cas de duel avec le FN ?

« Ça vous fait mal au cul, hein, les gauchistes !? »

Car face à ce candidat en posture délicate, il y a le FN.

Ici, le vote Front national est non seulement fort, mais semble-t-il, vraiment enraciné. En 2007, Jean Marie le Pen avait obtenu plus de 16, 4 % des voix au premier tour à Béziers alors même qu’il n’en obtenait qu’un peu plus de 10 au niveau national. Aux dernières élections cantonales, Guillaume Vouzellaud obtenait le plus gros score du FN dans la région au premier tour et ratait l’élection pour 170 voix au second.

Guillaume Vouzellaud, c’est un peu le FN ancienne formule, celui d’avant la « dédiabolisation ». Après ce premier tour de cantonales, il avait appelé « tous les patriotes à faire barrage aux socialo-communistes »… une expression qu’on n’entend plus guère au sein du FN « marinisé ».

Encore plus fort, après le premier tour des élections régionales, le secrétaire départemental du FN est invité chez nos confrères de la défunte chaine locale 7L TV. Ravi du score de son parti, il ne peut s’empêcher de crier aux journalistes réunis dans la salle de rédaction  : « ça vous fait mal au cul, hein les gauchistes !? ».

Il n’empêche, dans cette ville minée par le chômage, sa personnalité ne semble pas être un obstacle au vote en sa faveur et Guillaume Vouzellaud peut entretenir l’espoir d’être élu député, d’autant plus qu’à gauche, l’unité n’est pas au rendez-vous.

A gauche : un accord dans les tuyaux ?

Le Front de Gauche enverra au combat le tonitruant Paul Barbazange, directeur d’école à la retraite et membre du conseil national du PCF. Le PS de son coté a investi Dolorès Roqué. Battue dans le premier canton de Béziers en mars 2008, ayant une faible notoriété, cette proche de Jean-Michel Duplaa a été investie de manière assez surprenante alors que la conseillère régionale karine Chevalier semblait tenir la corde et que l’ancien maire de Béziers, Alain Barrau, avait manifesté son désir d’en découdre à nouveau. Aujourd’hui, l’ensemble des candidats malheureux à la candidature (excepté Antonio Fulleda) ne semblent pas pressés de soutenir la candidate officielle. Par ailleurs, Florence Brutus représentera le PRG mais a aussi affirmé qu’elle réfléchirait après la présidentielle…

Autant dire qu’un accord entre FG, PS et PRG semble être une affaire de survie pour la gauche. Dans ce cas, elle pourrait espérer une triangulaire au second tour et en tirer tout le bénéfice. Si tel n’est pas le cas, le pronostic le plus vraisemblable est un duel UMP/FN.

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