Zebda, le groupe toulousain, sort lundi son 6ème album "Second tour".
Zebda, le groupe toulousain, sort lundi son 6ème album "Second tour".
Après huit ans d'absence, Zebda revient en piste lundi avec un nouvel album baptisé "Second tour" (Barclay/Universal), une double référence à l'histoire du collectif toulousain et à la période électorale au cours de laquelle le groupe engagé entend "assumer son rôle".
Si les sujets de colère n'ont pas manqué, "Second tour" n'est pas un nouveau "Le bruit et l'odeur", l'album le plus revendicatif de Zebda, publié en 1995 et dont la chanson titre reprenait des propos controversés de Jacques Chirac sur les immigrés.
Au fil des titres de leur nouvel opus, le groupe évoque toujours les thèmes qui lui sont chers: l'exclusion, le racisme, l'absence de reconnaissance des apports de l'immigration...
Mais le propos, toujours habillé d'une musique légère puisée sur les deux rives de la Méditerranée, est enrobé dans une écriture plus littéraire, la tonalité y est plus désabusée.
Toujours une parole politique
"On a vécu des choses extraordinaires dans notre histoire, musicalement mais aussi politiquement, avec une expérience électorale (aux élections municipales toulousaines en 2001, ndlr), rappelle Mouss.
"On a analysé notre manière de positionner notre parole, de travailler cette colère. Ca nous a certainement emmenés à aborder les choses de manière moins revendicatrice ou moins frontale", estime le musicien, qui pointe le danger de sombrer dans la "posture".
Toutefois, "on est condamné à cette parole politique parce que c'est notre histoire, celle de l'immigration post-coloniale", ajoute-t-il.
"Laboratoire du collectif"
Dans la campagne présidentielle, "on a envie d'interpeller la gauche, parce que, bon, la droite ne nous intéresse pas", renchérit le chanteur Magyd Cherfi.
"Après un siècle de présence, quand est-ce qu'on va entrer dans la Nation ? Quand est-ce qu'on peut être entiers là-dedans et pas seulement des "beurs façades" ?", interroge-t-il.
Chanson symbole, "le théorème du châle" évoque la question du voile. Les musiciens y oscillent entre incompréhension et empathie envers ces femmes, après s'être sentis poussés de force dans un débat qui les met en porte-à-faux.
"Malheureusement, depuis des années, on se retrouve en permanence à défendre ce qu'on ne défendrait pas naturellement, parce qu'on ne peut plus accepter que nos parents, nos voisins soient insultés", regrette Mouss.
Le retour après une séparation
Après avoir connu des succès énormes, les auteurs d'Essence ordinaire (1998) avaient décidé en 2003, 15 ans après la naissance du groupe en 1988, de tenter l'aventure solo.
Deux albums plus tard pour Mouss et Hakim, deux albums et deux livres pour Magyd, les musiciens sont revenus vers Zebda comme on rentre au port.
"Pour moi, on a recommencé à travailler ensemble quand on s'est séparé, lance Magyd. On s'est arrêté mais, en réalité, dans nos têtes la machine a continué à fonctionner parce qu'elle est une partie de nous extrêmement forte".
Le principal changement a été "humain", jugent les deux musiciens, alors que Pascal Cabero, le batteur, et Vincent Sauvage, le guitariste, ont choisi de ne pas revenir.
Depuis sa création, Zebda était un "labo du collectif, des intellos qui se cassaient la tête à vouloir l'équité à la note de musique près.
Mais c'est l'enfer !", s'esclaffe Magyd.
"Aujourd'hui entre nous, le plus important c'est: comment je peux t'être agréable, plutôt que désagréable", sourit-il.