Le procès Bissonnet en direct jour 4

Suivez en temps réel, en direct de la salle d'audience de Carcassonne, le procès de l'affaire Bissonnet.

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Procès Bissonnet: le couple et le jardinier

Jean-Michel Bissonnet, l'ancien homme d'affaires de 63 ans est jugé en appel à Carcassonne pour complicité d'assassinat aux côtés de Méziane Belkacem, 52 ans, jardinier et laveur de vitres occasionnel, et Amaury d'Harcourt, 86 ans, descendant d'une grande famille de la noblesse française.

Jean-Michel Bissonnet, l'ancien homme d'affaires de 63 ans est jugé en appel depuis lundi à Carcassonne pour complicité d'assassinat aux côtés de Méziane Belkacem, 52 ans, jardinier et laveur de vitres occasionnel, et Amaury d'Harcourt, 86 ans, descendant d'une grande famille de la noblesse française.

Jeudi, à la sortie de l'audience, Jean-Michel Bissonnet crie son innocence à notre caméra.

Carcassonne - Jean-Michel Bissonnet crie son innocence - 10 novembre 2011

Meziane Belkacem, l'un des trois accusés du procès Bissonnet, a renouvelé jeudi devant les assises de l'Aude des aveux qui accablent son ancien patron: oui il a bien abattu Bernadette Bissonnet de deux coups de fusil de chasse, mais c'était à l'instigation de son mari Jean-Michel.

Le jardinier et laveur de carreaux occasionnel de Jean-Michel Bissonnet comparaît en appel depuis lundi à Carcassonne aux côtés du riche retraité accusé d'avoir commandité l'assassinat de son épouse et du vicomte Amaury d'Harcourt, accusé d'avoir caché l'arme du crime.

Meziane Belkacem, 52 ans, qui venait de se séparer de sa femme et vivotait de travaux saisonniers, professe une grande admiration pour son employeur occasionnel.

Il est impressionné par la réussite de l'homme d'affaires de 63 ans, qui a fait fortune dans l'immobilier de bureaux.

Lors d'une audience consacrée aux préparatifs du meurtre survenu le soir du 11 mars 2008 à Castelnau-le-Lez (Hérault), le jardinier explique que son patron lui avait dit quelque temps auparavant qu'il "cherchait quelqu'un" pour se débarrasser de "quelqu'un qui l'emmerdait".

Sans connaître la victime potentielle, dont l'identité ne lui sera dévoilée, dit-il, que le matin du meurtre, Meziane Belkacem en accepte le principe.

"J'ai dit: je le ferai si tu veux. J'ai demandé : qui c'est? Il m'a dit: ne t'inquiète pas, c'est pas Georges Frêche", le patron tout puissant de la Région Languedoc-Roussillon, aujourd'hui décédé. "Il ne voulait pas me le dire au cas où je me déglonflerais".

Le président Daniel Duchemin s'étonne de cette emprise de Jean-Michel Bissonnet.

"Votre patron vous dit qu'il a quelqu'un à occire et vous dites, ne vous en faites pas, je vais le faire?"

Le fils de harki arrivé en France à l'âge de 20 ans, décrit par son entourage comme "travailleur", "gentil" et "naïf", répond alors avoir accepté à cause de sa situation personnelle désespérée et contre la promesse de 30.000 euros. "J'allais avoir de l'argent, j'allais avoir un travail, il m'a promis tout ça".

Aujourd'hui, il "regrette" et "accepte d'être puni".

Le vicomte d'Harcourt, aventurier fantasque de 86 ans, descendant d'une illustre famille de la noblesse française, corrobore dans cette affaire les dires du jardinier, expliquant avoir accepté d'aider M. Bissonnet par amitié.

Il explique à la cour que ce dernier lui parlait parfois de se débarasser de sa femme mais ajoute qu'il ne l'a jamais pris au sérieux.

Le vicomte, trois fois marié et trois fois divorcé, lui a suggéré de le suivre dans cette voie, dit-il: "Il disait qu'il ne voulait pas divorcer, qu'il serait obligé de tout partager en deux, la maison, les bureaux..."

Un ami du vicomte, Jacques Courtine, raconte que M. d'Harcourt lui a parlé du dessein funeste de son ami Bissonnet un an avant les faits, confidences alors prises pour des "tartarinades de chasseurs".

Pour le vicomte, l'homme d'affaires était versatile: "Par moments, il était vraiment enthousiasmé par sa femme, et par moments il disait qu'il ne supportait pas de l'avoir sur le dos".

Jean-Michel Bissonnet nie avec force avoir fait tuer la "femme de sa vie". Sa défense avance la thèse d'un cambriolage ourdi par un duo Belkacem-d'Harcourt en mal d'argent et qui aurait "très mal tourné".

Mais d'Harcourt comme Belkacem, des hommes qui "ne voyagent pas dans le même wagon" dans la vie, selon les dires du président, affirment qu'ils ne se connnaissaient pas avant ce 11 mars.

Un enquêteur en téléphonie dit à la barre qu'il "n'a trouvé aucun contact téléphonique ni de trace de contact physique" entre eux dans les trois mois précédant cette date.

L'audience de mercredi :

Jean-Michel Bissonnet, rejugé par la cour d'assises de l'Aude pour avoir commandité le meurtre de sa femme, a perdu son calme mercredi soir lorsqu'il a démenti avoir proposé à une femme témoin de devenir sa maîtresse.

"Je vous dis que j'ai ma femme Bernadette que j'aime et que je n'ai jamais trompée", crie-t-il, se départant du ton posé qu'il a adopté depuis le début de son procès en appel lundi. "J'ai ce qu'il me faut à la maison, je n'ai jamais demandé à cette dame d'être ma maîtresse".

L'ancien homme d'affaire de 63 ans s'emporte. "Mais c'est complètement fou cette histoire, on est constamment à inventer des saloperies sur moi", s'écrie-t-il, des larmes dans la voix tandis que ses défenseurs lui demandent de se calmer.

Les audiences de première instance devant les assises de l'Hérault avaient été mouvementées. Jean-Michel Bissonnet avait alterné les larmes et les invectives pour clamer son innocence, faisant dire à ses avocats qu'il avait été le "pire avocat général contre lui-même".

Carcassonne - cour d'Assises de l'Aude - 9 novembre 2011

Véronique Bodin, une psychologue, vient de raconter à la barre que Jean-Michel Bissonnet lui avait proposé d'être sa maîtresse en septembre 2006 lors d'un dîner, à un moment où elle recherchait des fonds pour une association dont elle était membre.

"Il m'a dit que sa femme ne s'intéressait qu'à la gymnastique, au coiffeur et à l'esthéticienne". Elle dit qu'elle lui suggère alors de divorcer. "Il m'a dit qu'il ne le pouvait pas car il perdrait la maison" à laquelle il était très attaché, a-t-elle ajouté.

Les liens entre les 3 protagonistes :

Les assises de l'Aude qui rejugent l'affaire Bissonnet ont examiné mercredi les liens improbables entre trois protagonistes à des années-lumière les uns des autres: le notable à la brillante réussite, le vicomte qui fréquentait les chasses présidentielles et le jardinier analphabète admiratif de son patron.

L'ancien homme d'affaires de 63 ans est jugé en appel depuis lundi à Carcassonne pour avoir commandité le meurtre de sa femme, aux côtés du jardinier Méziane Belkacem, 52 ans, qui a reconnu avoir exécuté le contrat et Amaury d'Harcourt, 86 ans, qui a reconnu avoir caché l'arme.

Pour la première fois en trois procès, Jean-Michel Bissonnet et Amaury d'Harcourt, des amis de 45 ans qui ne se parlent plus depuis l'assassinat le 11 mars 2008 de Bernadette Bissonnet, s'adressent directement la parole.

Amaury D'Harcourt, de dos - 9 novembre 2011

Jean-Michel Bissonnet - 9 novembre 2011

"Pendant 30 ans, combien de chasses as-tu fait à l'oeil chez moi?", demande l'illustre descendant d'une grande famille de la noblesse française au riche retraité, qui vient de se plaindre d'avoir été exploité au travail par le premier dans sa jeunesse.

"Et pendant 30 ans, j'ai été invité à tes chasses et à chaque fois, tu recevais deux cartons de grands vins de la région, des foies gras frais", rétorque Jean-Michel Bissonnet. "Non je ne suis pas un pique-assiette", ajoute-t-il, reprenant ainsi le qualificatif réservé au vicomte par Bernadette qui ne l'aimait guère.

L'amitié entre les deux hommes, c'est un peu "l'alliance de la carpe et du lapin", relève le président Daniel Duchemin.

Amaury d'Harcourt, aventurier fantasque, a eu plusieurs vies, tour à tour chauffeur de poids lourds, chercheur d'or, patron de studio d'enregistrement de disques en Afrique, propriétaire d'un parc de loups et éleveur de sangliers en France.

Sans grand succès financier à la différence de Jean-Michel Bissonnet, dont l'ascension professionnelle fulgurante dans l'immobilier de bureaux lui permet de se retirer des affaires à 52 ans.

C'est la passion de la chasse qui les fait se rencontrer. Amaury d'Harcourt prend le jeune Bissonnet sous son aile et l'emploie comme "porcher" dans son élevage de sangliers.

Le fils de commerçants pieds-noirs est "ébloui" par le monde de "grands banquiers, de grandes voitures" que lui ouvre le vicomte. Ce dernier fournit du gibier aux chasses de Chambord, les chasses présidentielles qu'il fréquentait alors. Amaury finit par considérer Jean-Michel comme son fils, Jean-Michel Bissonnet évoque un père spirituel.

Le parcours de Meziane Belkacem, qui a appris à lire et à écrire en prison où il se trouve depuis le drame, est aux antipodes.

Son père Louis Belkacem, 70 ans, sergent dans l'armée française en Algérie, vient expliquer qu'à l'indépendance, en 1962, il a dû fuir en laissant derrière lui ses deux enfants en bas âge. Méziane Belkacem ne rejoindra son père en France qu'à l'âge de 20 ans. Saisonnier dans une entreprise de gazon en plaques, il est décrit par ses employeurs et ses proches comme "gentil", "travailleur" et "naïf".

Louis Belkacem - père de Meziane Belkacem - 9 novembre 2011

Depuis 2003, il travaillait occasionnellement comme jardinier et laveur de carreaux chez Jean-Michel Bissonnet, "quelque un de très bien" qui "savait trouver les mots qui réconfortent quand on a des problèmes", explique Méziane Belkacem. A l'époque du drame, il s'était séparé de sa seconde femme et se "sentait couler". Il admirait son patron, un homme "parti de rien et qui avait réussi".

C'est la troisième fois que les accusés se retrouvent aux assises. Le procès en première instance, interrompu par un coup d'éclat, était reparti de zéro quelques mois plus tard.

Jean-Michel Bissonnet a été condamné en première instance à 30 ans de réclusion criminelle, son jardinier à 20 ans, et le vicomte à huit ans de prison.

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