La controverse enfle sur la surveillance des réseaux islamistes radicaux et sur l'intervention du RAID à Toulouse.
Comment Mohamed Merah a-t-il pu passer à travers les mailles du filet ? Pour certains, la question se pose.
Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a défendu le travail des enquêteurs.
Mohamed Merah était surveillé depuis ses séjours en Afghanistan et au Pakistan
en 2010 et 2011. Mais, "dans le parcours des salafistes toulousains comme
dans celui de Mohamed Merah, jamais n'est apparue une tendance criminelle", a insisté
le ministre. Il a également souligné la difficulté de lutter contre "un individu
isolé".
Si aucun élément n'a permis de le rattacher à une organisation quelconque en France,
selon le procureur, les enquêteurs devraient, malgré sa mort, beaucoup s'intéresser
à ses fréquentations. Parmi les gardés à vue, son frère Abdelkader, 29 ans, avait
été inquiété dans une filière d'acheminement de djihadistes en Irak, sans être
mis en examen, a dit le procureur.
En juin 2009, le tribunal correctionnel de Paris avait prononcé des peines de
six mois à six ans de prison ferme contre des jeunes toulousains pour avoir mis en place une telle filière. Mohamed Merah connaissait visiblement l'un d'entre eux, le fils d'un compagnon de sa mère, intercepté en Syrie en décembre 2006.
LE DETAIL DE L'ENQUÊTE
Le ministre a détaillé jour après jour le déroulement de l'enquête. Après le premier
meurtre, celui du parachutiste Imad Ibn Ziaten, le 11 mars, à Toulouse, "la question s'est posée de savoir s'il y avait une relation entre le tueur et une petite annonce qu'avait passée sur internet la victime pour vendre sa moto".
Une liste de 576 adresses informatiques "était disponible samedi dernier, le 17.
A partir de là il faut un travail de fourmi pour savoir qui est derrière ces adresses."
"Lundi après-midi un travail en coopération avec la DCRI fait apparaître quelque
chose d'intéressant à savoir que l'une des adresses IP correspond à la mère de
Mohamed Merah", a poursuivi Claude Guéant. Les enquêteurs insistent sur le fait
que celle-ci n'a pas le même nom que son fils.
"C'est à partir de là que tout s'enclenche, que l'on arrive très vite sur Mohamed
Merah" avec "dès le mardi matin, le 20 au matin, la constatation de la présence
de Merah dans son appartement", selon lui.
"Il apparaît à la fenêtre après un survol d'hélicoptère. Immédiatement un périmètre
est installé autour de lui pour qu'il ne puisse plus sortir de chez lui", poursuit
le ministre.
Dans un entretien au journal Le Monde, le patron de la DCRI ( Direction centrale du renseignement intérieur), Bernard Squarcini balaie lui aussi, une intervention trop tardive : "Il était impossible de dire dimanche soir :"C'est Merah, il faut aller l'attraper". lui-même n'avait pas prévu d'attaquer l'école juive lundi matin. Selon ses déclarations lors du siège du RAID, il voulait tuer un autre militaire mais il est arrivé trop tard. Et comme il connaît bien le quartier, il a improvisé et a attaqué le collège-lycée Ozar-Hatorah."
L'EFFICACITE DES SERVICES SECRETS
Mohamed Merah était-il suffisamment surveillé ? Etait-il considéré aussi dangereux qu'il l'était par les services du renseignement français ?
On sait aujourd'hui qu'il figurait depuis un certain temps sur la liste noire des personnes interdites de vol aux Etats-Unis, une liste qui regroupe des personnes susceptibles d'être impliquées dans des activités terroristes. Pourtant il semble que les services du renseignement français ne le considéraient pas comme dangereux, malgré ses séjours en Afghanistan et au Pakistan en 2010 et 2011. Lui trouvant un mode de vie incompatible avec l'islam radical, ils avaient même relâché leur surveillance. françois Fillon, le premier ministre déclare à ce sujet vendredi matin sur RTL : " La DCRI a parfaitement fait son travail, l'a surveillé le temps nécessaire pour aboutir à la conclusion qu'aucun élément, qu'aucun indice ne permettait de penser que Mohamed Merah était un homme dangereux".
Pourtant, un expert-psychologue auprès de la Cour d'Appel de Toulouse, qui l'avait rencontré Mohamed Merah lors d'un de ses séjours en prison avait alerté sur son état psychique. Une voisine du quartier avait également fait appel par deux fois à la police pour des comportements violents.
QUESTIONS SUR L'INTERVENTION DU RAID
Les choix du RAID lors de son intervention sont également remis en question. Christian Prouteau, fondateur et ancien patron du GIGN ( Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale) les critique même vertement aujourd'hui. Il s'étonne notamment de l'absence d'utilisation de gaz lacrymogène.