Mardi, la parole était aux parties civiles sans avocats.
On les a peu entendues durant ces quatre mois de procès : les parties civiles non représentées sont venues à la barre aujourd'hui.
Elles ont parfois du mal à s'exprimer. Les mots leur manquent, soit d'émotion, soit de colère...
Ces parties civiles ont des histoires différentes : l'un a été blessé au point d'être handicapé à vie, l'autre a vu sa maison dévastée, une autre encore parle de sa fille, aujourd'hui malade.
Depuis dix ans, ces personnes vivent avec la tragédie d'AZF et ne s'en sont pas remises.
Seulement voilà, la thèse officielle ne leur convient pas. Pour la majorité d'entre eux, les autres pistes ont été négligées et les témoignages ayant dans leur sens écartés sans scrupules.
Danièle Mouton a interpellé la cour : sa fille Sandrine a vu sa vie basculer, le 21 septembre 2001. Souffrant d'hyperacousie douloureuse, elle ne supporte aucun bruit, même infime, ne peut vivre seule sans toutefois pouvoir fonder une famille. "On voudrait avoir des réponses ! Est-ce qu'on va en avoir ?", s'est exclamée cette mère au bord des larmes.
Jennifer Zeyen, fille d'un ouvrier décédé à la SNPE suite à l'explosion, veut simplement la vérité. Elle ne sait ni quand il est mort, ni où, ni comment et cette ignorance est insupportable.
La jeune femme, comme les autres parties civiles sans avocats, demande à la cour un complément d'information. Voire la réouverture de l'enquête.
L'audience a été un peu chaotique, certaines parties civiles parlant dédommagement, quand l'audience dédiée aux intérêts civils est prévue le 16 mars prochain.
Quelques avocats ont également plaidé, en majorité des avocats n'ayant que très peu suivi les audiences en direct. L'une d'entre eux a même provoqué un incident, en plaidant directement contre Total, alors que seuls les avocats ayant interjeté appel du jugement de première instance, précisément sur la citation directe du groupe pétrolier, sont habilités à le faire.
Mercredi, les plaidoiries des parties civiles représentées continuent, et ce jusqu'au 9 mars, date du réquisitoire.