Le terroriste Carlos nie l'explosion du Capitole

Parmi les attentats attribués à Carlos figure celui du train Paris-Toulouse baptisé "Le Capitole"

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Près de 30 ans après l'explosion à la bombe d'un wagon dans le train reliant Paris à Toulouse, Ilich Ramírez Sánchez dit Carlos est jugé pour actes terroristes à Paris. L'attentat du Capitole avait fait 5 morts et 28 blessés. Carlos a nié, jeudi 10 novembre, devant la cour d'assises spéciale de Paris toute implication dans cet attentat.

Le procès Carlos 2011 et l'affaire de la bombe placée dans le train "Capitole"

Le terroriste juge "évident" que l'attaque du "Capitole" visait Jacques Chirac, habitué de ce train et alors maire de Paris. Or trois heures après l'explosion d'un wagon du train Capitole en 1982, des "amis de Carlos" revendiquent l'attentat auprès de l'Agence France-Presse. Le lendemain, c'est la préfecture de police qui reçoit un coup de fil "au nom de l'amicale terroriste de Carlos". Lors de son procès, d'après nos confrères de l'AFP, Ilich Ramírez Sánchez et le procureur Jean-François Ricard ne retiennent pas sérieusement cette hypothèse des "amis de Carlos", assimilé à un groupe opportuniste. Par contre le commissaire Jean-Jacques Plasseraud chargé alors de l'enquête et aujourd'hui retraité racontera au cours du procès : "C'était une vision d'horreur. Au fur et à mesure que je progressais vers l'avant, il n'y avait plus rien, plus de compartiment, plus de structure", mais "beaucoup de sang, de verre et de morceaux de chair."

En Hongrie au moment des faits, Carlos nie son implication. L'avocat des parties civiles, Maître Francis Szpiner relève alors : "Pas besoin d'être en France, vous n'êtes pas accusé d'avoir personnellement mis la main à la pâte, mais d'être l'instigateur de ces attentats".

Les empreintes digitales de Carlos ont été identifiées à l'époque sur un courrier de menaces au ministre de l'Intérieur réclamant la libération de sa compagne Magdalena

Kopp et de Bruno Bréguet, tous deux membres de son groupe et arrêtés en février 1982 avec des armes et des explosifs.

Parmi toutes les personnes touchées par cet attentat meurtrier, voici le témoignage de la fille d'une victime

 

Aurore "aurait voulu parler" à Carlos de son père tué dans l'attentat du train "Le Capitole". Cette jeune lotoise a perdu son père à l'âge de deux ans et a découvert plus tard qu'il est mort dans un attentat attribué à Carlos. Le procès de Carlos qui s'ouvre est une nouvelle étape pour honorer la mémoire de ce jeune père disparu à 29 ans.

"Dans ma famille, le sujet est tabou, mes oncles et ma tante n'ont jamais envisagé de se porter partie civile, ma mère l'a longtemps refusé. Mais pour moi, c'était inacceptable qu'il n'y ait pas le nom de mon père représenté parmi les victimes de ce procès, même si ça fait 30 ans", dit, dans un entretien téléphonique à l'AFP, Aurore C., cette femme aujourd'hui âgée de 32 ans.

"Je n'ai pas de souvenir de ce jour-là, c'est peut être aussi pour ça que j'en parle plus facilement que ma famille", confie-t-elle.

"Ce jour-là", c'est le 29 mars 1982, l'explosion vers 20h40 sur la commune d'Ambazac

(Haute-Vienne) de la deuxième voiture en tête du train "Le Capitole", assurant la liaison Paris-Toulouse. Le train a un peu de retard, l'explosion était prévue en gare de Limoges, à une vingtaine de kilomètres au sud d'Ambazac.

Les dix kilos d'explosifs placés, selon les experts, dans un bagage du compartiment, tuent 5 personnes, dont le père d'Aurore qui venait d'avoir 29 ans. L'attentat est attribué à l'organisation de Carlos.

Aurore a alors deux ans et elle grandit sans douter de la version officielle familiale : son père est décédé dans "un accident de train". Nulle mention d'attentat : "C'était une explication pour me préserver". "Il y avait aussi une forme de honte, la maison était comme montrée du doigt. Les victimes d'attentat n'étaient pas reconnues comme elles le sont aujourd'hui".

Ce n'est qu'en 1997, à l'âge de 17 ans, qu'Aurore C. découvre la vérité sur la mort de son père: "un jour j'ai vu ma mère bouleversée devant le journal télévisé". C'était en décembre, au moment du premier procès de Carlos à Paris pour le meurtre en 1975 de deux policiers et d'un indicateur. Complètement "déstabilisée", l'adolescente sombre dans une "grosse dépression", mais l'épreuve n'entrave pas sa volonté de comprendre et d'en savoir plus sur ce mystérieux Ilich Ramirez Sanchez.

"Son parcours est hyper complexe, il sort de grandes écoles et finit dans des camps d'entraînement, je ne comprends pas. Sa cause, je n'ai même pas envie de creuser tellement la méthode est inhumaine", analyse la jeune femme. Elle espère que le procès lui permettra d'en apprendre plus et qu'il constituera aussi une étape importante pour elle "personnellement".

"J'aurais voulu parler à Carlos, on m'a dit que ce ne serait pas possible. Je ne sais pas ce que je lui aurais dit, je pense que les mots seraient venus", confie Aurore. "Je le tutoie tout le temps dans ma tête. Ca fait tellement longtemps que je vis avec lui, je crois que je peux me permettre..."

La préparation du procès lui aura déjà beaucoup apporté, notamment grâce aux rencontres avec les autres victimes. Pour mobiliser ces victimes, Françoise Rudetzki, qui avait créé en 1985 la première association de défense des victimes du terrorisme, SOS Attentats, a repris son bâton de pèlerin aux côtés d'une autre association, la Fenvac.

Mais Aurore a rencontré des gens "impressionnants", des gens qui étaient dans le train où son père est mort, certains "grièvement blessés qui se sont battus pour retrouver leurs capacités. On se dit qu'on n'est pas les seuls à continuer à avancer".

Pour Françoise Rudetzki, Carlos est le symbole "de la naissance d’un terrorisme aveugle s’en prenant aux civils". La plupart des victimes étaient originaires du grand Sud-Ouest ou de la région parisienne.

Peu avant l'ouverture de son procès, lors d'une interview menée fin octobre par un quotidien sud-américain "El Nacional", Carlos se glorifiait en revendiquant 1500 à 2000 morts d'attentats qu'il a orchestré. 

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