Deux avocats de familles des victimes de Merah jugent les documents de la DCRI "insuffisants" pour connaître la vérité
Mohammed Merah était suivi de près et depuis 4 ans par les services secrets francais . Il n'y a aujourd'hui plus aucun doute à ce sujet . Les documents des renseignements intèrieurs qui le concernent et qui décrivaient un personnage inquiètant ont été rendus publics hier soir.
"Les familles des victimes se félicitent de la déclassification des documents
de la DCRI qui apportent des éléments capitaux mais restent toutefois insuffisants
à la manifestation de la vérité", ont déclaré Samia Maktouf et Jean Tamalet.
Et ils demandent la déclassification "des documents d'autres services" dont la DGSE
Selon Me Maktouf, avocate d'Abel Chennouf, père de l'une des victimes, "on ne
connaîtra pas la vérité tant que les rapports de la DGSE ne sont pas eux-même déclassifiés".
"Les documents ouvrent de nouvelles portes et posent de nouvelles questions",
a dit Jean Tamalet, avocat de Atim (bien Atim) Ibn Ziaten, frère d'une autre victime.
Tous deux vont donc solliciter le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian,
et les juges, "pour leur demander la déclassification des documents d'autres services",
notamment ceux de la DGSE.
Deux points importants ne sont pas encore clarifiés selon eux, à savoir "le parcours
de Mohamed Merah et le rôle précis joué par son frère Abdelkader Merah". Pour Me Maktouf, "il faut clarifier le rôle d'Abdelkader Merah" car "les documents versés récemment au dossier donnent de nouvelles pistes".
Les deux hommes "étaient-ils suivis depuis plus longtemps que ce qui a été dit?", se demande Me Maktouf. "Y a-t-il eu surveillance par d'autres services que
la DCRI ?", s'interroge Me Tamalet.
Après avoir consulté les documents déclassifiés, les deux avocats s'interrogent
plus que jamais sur l'existence de complices.
Lors des échanges avec les hommes du RAID, avant l'assaut de son appartement toulousain dans lequel il s'était retranché, Merah s'était revendiqué d'Al Qaïda.
Son frère aîné, Abdelghani, 35 ans, a lui-même accusé Abdelkader, 29 ans, figure
de l'islamisme radical toulousain, qui a été mis en examen, d'avoir été la "source principale du radicalisme" de Mohamed.
Les trois juges antiterroristes - Christophe Teissier, Laurence Le Vert et Nathalie
Poux - qui enquêtent sur les crimes de Merah, qui a assassiné sept personnes entre les 11 et 19 mars, ont reçu vendredi les documents secrets déclassifiés de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Le ministère de l'Intérieur a accepté la déclassification des documents demandée
par les juges et l'ensemble des familles des victimes, "à l'exception des pièces
et informations qui pourraient remettre en cause l'indispensable confidentialité
des données relatives à l'organisation".
Les documents concernent la surveillance exercée pendant un certain temps par
la DCRI sur Mohamed Merah avant ses tueries. Le tueur au scooter avait également été entendu à l'antenne toulousaine de la DCRI en novembre 2011, au retour d'un voyage au Pakistan. Sa dangerosité n'avait alors pas été détectée.
24 documents sont concernés. La commission du secret de la Défense nationale (CCSDN) avait recommandé la déclassification partielle de six d'entre eux.
Mohamed Merah avait tué trois enfants et un enseignant juifs dans une école de Toulouse le 19 mars, après avoir abattu trois parachutistes à Toulouse et à Montauban
les 11 et 15 mars. Il est tombé sous les balles de la police le 22 mars, après
un siège de 32 heures.