Portrait d'un tueur
Le tueur est un toulousain qui a vécu dans le quartier des Isards.
Mohamed Merah, mort jeudi 22 mars sous les balles du Raid
après avoir froidement assassiné sept personnes les jours précédents, affichait
depuis l'enfance un comportement erratique et agité.
Le jeune homme, né le 10 octobre 1988, membre d'une fratrie marquée semble-t-il
par l'absence du père, a un parcours scolaire sinueux, depuis son entrée en CP en 1994, dans le quartier populaire des Izards à Toulouse.
On compte plusieurs redoublements, des sanctions, des exclusions. Un professeur
note "de réelles capacités", un autre "un réel talent" en arts plastiques. Mais
la plupart de leurs collègues sont découragés par cet élève souvent absent, au
point qu'il peut être impossible de lui établir une moyenne, affichant parfois
des attitudes "graves et inadmissibles".
Il quitte le système scolaire classique à 16 ans, pour un apprentissage de carrosserie.
Au moins un de ses employeurs, selon son avocat, le considère comme "un très bon
ouvrier".
Parallèlement, il est condamné à plusieurs reprises pour des faits de vol et de violence, jusqu'à une condamnation à 18 mois de prison ferme, pour vol de sac à main avec violence. Il passe 21 mois en prison. C'est en détonation qu'il s'adonne, selon le procureur de Paris François Molins, à une lecture assidue du Coran et commence à se radicaliser.
Lors de ce séjour en prison, selon M. Molins, il agresse des co-détenus et fait une tentative de suicide. Selon l'Express il est alors hospitalisé 15 jours en hôpital psychiatrique.
En juin 2010, une famille porte plainte après qu'il eut contraint un jeune homme
à regarder des vidéos de supplices, et frappé la soeur de l'enfant qui le lui reprochait.
Selon la plaignante, il se présente aussi dans leur quartier en criant "Allah Akbar" et en leur tenant des propos islamistes radicaux.
Un jeune homme se présentant comme un de ses amis le décrit par ailleurs
comme "passionné de jeux vidéo de guerre" et "d'armes", et "montrant à ses amis
des vidéos choquantes du conflit israélo-palestinien".
En 2010 encore, après avoir envisagé un temps d'intégrer la Légion étrangère, Merah part en Afghanistan par ses propres moyens et sans emprunter les filières connues des services spécialisés. Après un contrôle routier de la police afghane, il est renvoyé en France par l'armée américaine.
Quelques mois plus tard, il se rend dans la zone pakistano-afghane de mi-août à mi-octobre, un voyage écourté par une hépatite A. Merah dit y avoir été formé
par Al-Qaïda. Il décline une proposition de commettre un attentat-suicide, préférant
accepter une "mission générale" de commettre un attentat en France.
Récemment, Merad ne travaillait pas, et "affichait des ressources modestes, du niveau
du RSA", note le procureur de Paris, tout en ayant un mode de vie - plusieurs logements,
des automobiles louées au mois - "qu'il va falloir creuser" selon le magistrat.
Lors de ses confessions aux négociateurs du Raid mercredi, Merah a expliqué avoir financé son arsenal par des "casses", des "cambriolages", a rapporté M. Molins.
Le 22 mars 2012 à 11h30, il est tué par le Raid après avoir tiré une trentaine
de balles sur les policiers qui l'assiégeaient depuis 32 heures dans son appartement
toulousain.
Aux policiers, il a reconnu avoir filmé tous ses actes et avoir planifié le meurtre d'autres militaires et policiers. Sa croisade meurtrière n'était pas terminée, quand il a été cerné, le 22 mars, à 3 heures du matin...