Montpellier l'attendait depuis 28 ans. Un titre de champion de France après une 25 ième victoire. 2 à 1 contre Auxerre.
Il est 2 h 30 du matin et les supporters acclament l'équipe de Louis Nicollin.
Montpellier, 13e budget du Championnat de France de football, a démenti tous les pronostics en devenant dimanche champion de France, dans une soirée folle marquée par d'incroyables et longues interruptions de son match à Auxerre.
Le club pailladin a battu Auxerre 2 à 1 vers 23 h 30 après un match interrompu 3 fois.
Que d'émotions pour Louis Nicollin, le président historique de Montpellier, au bord de la crise cardiaque, les yeux pleins de larmes ! Les interruptions multiples à Auxerre (dues à des supporters auxerrois déçus de la relégation), entre jets de projectiles et tribunes évacuées par les policiers ont provoqué un décalage énorme dans la soirée entre le match de Montpellier et celui du Paris SG, encore en course pour le titre, à Lorient.
Quand le match du PSG (victoire 2-1 à Lorient) s'est achevé, Montpellier ne devait pas perdre à Auxerre et le score était alors de 1 partout.
Le suspense était son comble. Si Montpellier avait perdu à Auxerre, une fois le match repris, Paris SG aurait été champion.
Mais le Nigérian John Utaka a mis fin au suspense avec son deuxième but (2-1 à la 75e) après la reprise alors que les Parisiens étaient abattus devant la télévision dans les couloirs du stade de Lorient.
Giroud meilleur buteur.
Même suspense pour le titre de meilleur buteur puis Olivier Giroud (Montpellier) devient meilleur buteur (21 buts) au bénéfice de moins de penalty marqué contre le Parisien Nene (21 buts aussi).
Et la finale de la fable est cruelle pour le PSG. Le budget total de Montpellier, 36 millions d'euros cette saison, ne couvre même pas l'achat par le PSG du seul argentin Javier Pastore, arraché à Palerme (Italie) pour la somme de 42 millions d'euros !
Pour les autres enjeux de cette ultime journée, Caen et Dijon accompagneront Auxerre, déjà condamné depuis le 13 mai, en 2e division. Les trois malheureux croiseront dans l'ascenseur Bastia, Reims et Troyes, qui grimpent en élite.
Enfin, il restait une place européenne à attribuer et c'est finalement Bordeaux qui jouera avec Lyon (vainqueur de la Coupe de France) et Marseille (vainqueur de la Coupe de la Ligue) en Europa League la saison prochaine.
Que va-t-il se passer maintenant ? La L1 va-t-elle devenir la propriété exclusive d'un "Qatari SG" qui promet de dépenser sans compter au mercato ? Le projet du fair-play financier mis en place par l'UEFA (un club ne peut dépenser plus qu'il ne gagne) sera-t-il un frein à son expansionnisme ?
Et dans l'immédiat, la saison prochaine, la représentation française en C1 fait craindre des désillusions. Montpellier va découvrir. La version pré-qatarie du PSG n'y possédait pas une expérience monumentale et le nouveau PSG doit savoir que Chelsea a mis du temps pour y briller. Lille, lui, devra éviter l'éceuil des barrages. La France devra veiller à ne pas dégrader encore plus sa note en Europe.
Les réactions
René Girard : " L'argent ne fait pas le bonheur" !
"C'était un match un peu heurté et saccadé mais ça se termine bien pour nous.
On se demande comment on va finir, on est toujours inquiet après deux interruptions.
Mais ça couronne la saison. Je suis très fier de mes garçons. Ils ont fait une
saison exceptionnelle. On a marqué des buts et on n'en a pas beaucoup pris. On
a mérité d'aller au bout."
"Je crois que c'est frais, c'est bien. Cela ravive notre football, ça montre
qu'il ne faut craindre personne, que l'argent ne fait pas le bonheur. On est un
club de copains, un club formateur. Et à l'arrivée, ça donne un cocktail pas trop
mal. On a produit un football complet. On n'a pas fait que défendre. Il y a eu
un bel équilibre dans l'équipe et je suis bluffé."
Joris Marveaux (milieu de Montpellier):
"On ne réalise même pas encore vraiment. On ne fait que répéter +on est champion, on est champion+. Cela paraît irréel. Le scénario du match a été incroyable, avec beaucoup de tension. C'était vraiment spécial."
Olivier Giroud (attaquant de Montpellier) :
"C'est exceptionnel pour Montpellier après 38 ans d'existence, jamais champion,
une coupe gagnée. Nous avions vraiment envie de vivre ces moments-là. Maintenant que nous y sommes, je ne sais pas si nous allons dormir cette nuit."
Geoffrey Dernis (milieu de Montpellier) :
"C'est un privilège de vivre cela pour moi à Montpellier. J'arrive à un âge
où je suis plus près de la fin que du début et je savoure pleinement avec ce groupe au potentiel énorme. C'est surtout un groupe mordu de travail et très attachant. C'est un grand mérite par rapport à notre saison."
Louis Nicollin (président de Montpellier) :
"Pour moi, c'est de la fierté. Notre club est champion de France. Ce n'est pas pensable. Aujourd'hui, nous le sommes et ce n'est pas volé surtout que cela n'a pas été un match facile, arrêté souvent. C'est fabuleux. Je pense que c'est mérité. Nous verrons demain (lundi) ce que dit la presse. Je crois que c'est la plus grosse joie que le club m'a procuré.
C'est le plus beau jour de ma carrière sportive, c'est sûr. C'était dur, quand on arrête trois fois le match. M. Enjimmi est un très bon arbitre. Ce n'est pas parce que nous avons gagné mais s'il avait arrêté le match, nous aurions gagné 3-0 sur tapis vert, il y aurait eu des polémiques à ne plus en finir. C'est bien comme cela. Nous avons inscrit le second but.
Demain, je vais aller me faire couper les cheveux comme je l'ai promis et à midi, nous irons déjeuner au mas. Et ensuite, nous partirons ensuite tranquille sur +La Comédie+ où, je pense, il y aura une grande fête. Nous avons gagné le titre, quand nous l'avons emporté à Rennes. Non, cela ne me dépasse pas. Président, c'est éprouvant.
Du moment que nous faisions la Ligue des Champions, c'était fini mais champion, c'est la cerise sur le gâteau. C'est mieux. Non, ce n'est pas un pied de nez au PSG. Ne vous faites pas de soucis. Nous allons en manger durant cinq ans. La mayonnaise va prendre".