Le projet du gouvernement ne pourra effectivement pas intervenir avant 2012. Voire même après la présidentielle.
Le gouvernement, qui souhaitait privatiser quatre aéroports régionaux pour renflouer un peu les caisses de l'Etat, a dû abandonner le projet faute d'accord avec les collectivités impliquées, repoussant ce dossier délicat à l'après-présidentielle de 2012. Parmi les 4 sites, celui de Montpellier-Méditerranée à Fréjorgues.
Le gouvernement souhaitait céder à des acteurs privés 50% du capital des aéroports de Toulouse, Bordeaux, Montpellier et Lyon, opération qui aurait pu lui rapporter jusqu'à un milliard d'euros.
Mais les collectivités se montraient réticentes à cette option, souhaitant racheter elles-mêmes ces actifs stratégiques. Le gouvernement leur avait laissé jusqu'au 15 septembre pour se prononcer sur ce dossier.
Et il semble que "les acteurs locaux veulent garder la main" sur les aéroports, a appris l'AFP auprès d'une source proche du gouvernement. "Donc l'ouverture du capital ne pourra pas intervenir dans l'immédiat".
A Bordeaux et Montpellier, "il y a une opposition radicale des élus", a poursuivi cette source. En juillet, Christian Bourquin, le président (PS) du conseil régional du Languedoc-Roussillon s'était opposé publiquement au projet.
Dans le cadre d'une "gestion harmonieuse", il faut "éviter une concurrence inutile" entre des aéroports qui sont tous gérés par les collectivités qui "en assurent le redressement", avait estimé M. Bourquin dans une lettre ouverte.
A Lyon, on fait valoir le manque de temps "pour valider en commun le projet stratégique de l'aéroport qui sera proposé aux nouveaux actionnaires", rapportent Les Echos dans leur édition de mercredi.
A Toulouse, le Conseil général de Haute-Garonne rappelle, dans un communiqué, qu'il a toujours été "opposé" à cette privatisation et reste "très vigilant sur les véritables intentions de l'Etat vis-à-vis de cet outil majeur de développement économique et d'aménagement".
De son côté, le ministère des Transports souligne que le gouvernement n'a pas renoncé. Mais il concède que "tout passage en force (auprès des collectivités) est exclu" par son homologue des Finances, qui pilote le dossier.
En juin, le ministre des Transports, Thierry Mariani, avait prévenu que "soit au 15 septembre, les choses ont été lancées, soit on laisse tomber".
Très intéressée par le projet, Macquarie France, filiale de la banque australienne du même nom, déjà présente au capital des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR), a dit n'avoir "aucun commentaire à faire".
Le groupe français de BTP Vinci, autre postulant possible, n'a pas non plus souhaité réagir.
L'Etat est actionnaire de ces quatre aéroports à hauteur de 60% aux côtés des chambres de commerce et d'industrie locales (25%) et des collectivités territoriales (15%).
En conservant un peu plus de 10%, l'État garantissait que le secteur public au sens large reste majoritaire au capital des aéroports de province, au moins jusqu'en 2013 comme le gouvernement Raffarin s'y était engagé.