Après la mort de dix soldats en Afghanistan en août 2008, la justice décide lundi de l'ouverture d'une enquête.
Morts au combat : un procès contre l'armée
Après la mort de dix soldats en Afghanistan en août 2008, la justice décide lundi de l'ouverture d'une enquête.
Un juge d'instruction va enquêter sur l'embuscade d'Uzbin en Afghanistan qui avait coûté la vie à dix militaires français en août 2008, a décidé lundi la cour d'appel de Paris.
Le juge d'instruction Frédéric Digne, saisi d'une plainte avec constitution de partie civile pour mise en danger de la vie d'autrui et non-empêchement de crime, avait décidé d'ouvrir une enquête en mars 2011, mais le parquet avait fait appel.
La chambre d'instruction de la cour d'appel a rejeté cet appel.
Soulagement pour les familles
"C'est une réaction de soulagement parce que, par l'intermédiaire du procureur, l'Etat a tout fait pour que cette instruction ne soit pas ouverte. Il aura fallu se battre mais on va enfin savoir comment ces jeunes soldats sont morts, comment ils ont été sacrifiés", a déclaré l'avocat de la famille d'un soldat tué, Me Gilbert Collard, évoquant la décision de la cour d'appel.
"On n'a jamais dit qu'un militaire, quand il endossait un uniforme, n'endossait pas sa mort possible. En revanche on a toujours dit qu'on n'avait pas le droit d'envoyer des soldats à la mort sans leur donner les moyens de se défendre, sans leur donner les moyens d'échapper à un guet apens construit par la négligence, par le laxisme de la hiérarchie", a-t-il ajouté.
Me Collard a précisé qu'il allait demander l'audition de témoins et la déclassification
d'un rapport établi sur cette embuscade.
C'était en Août 2008
Neuf soldats ont été tués le 18 août 2008 dans une embuscade tendue par les insurgés talibans à l'est de Kaboul. Un dixième avait été tué lors du retournement de son véhicule pendant une "opération de récupération des blessés".
21 soldats avaient été blessés dans cet accrochage, à l'époque le plus meurtrier pour les troupes internationales depuis la chute du régime des talibans fin 2001.
Ils sont tombés à l'Est de Kaboul, en août 2008, dans une embuscade tendue par les talibans. Dix soldats français, dont huit du 8ème RPIMA de Castres, sont morts ce jour-là en Afghanistan au cours d'une mission de reconnaissance. Et depuis, leurs familles cherchent savoir ce qu'il s'est passé ce jour-là dans la vallée d'Uzbeen.
Elles accusent l'Armée de négligence. Le père d'un soldat castrais Jean-François Buil l'affirme : "tout le monde sait qu'il y a eu des fautes. On ne peut pas faire autrement que de porter plainte. On sait que les choses ont été mal faites et que nos enfants sont décédés."
Sept familles de militaires morts ce jour-là ont saisi la justice pour établir les responsabilités dans la préparation de cette mission et dans la gestion de la fusillade qui a suivi.
Une première plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui" est classée sans suite en février 2010 par le Parquet du Tribunal aux Armées.
Mais en mars 2011, contre l'avis du Parquet, un juge d'instruction parisien, Frédéric Digne, décide qu'il y a bien lieu d'ouvrir une information judiciaire pour "homicide involontaire". Le Parquet fait alors de nouveau appel.