Mercredi, la police a mis fin à une prise d'otages à Toulouse qui aura duré une bonne partie de la journée.
Les policiers d'élite ont donné l'assaut et libéré indemnes mercredi les deux derniers otages retenus dans une banque de Toulouse par un forcené disant agir par conviction religieuse tout près de là où Mohamed Merah avait été tué par le Raid trois mois plus tôt.
Le preneur d'otages, Fetih Boumaza, un jeune homme de 26 ans, psychiquement perturbé, selon des sources proches du dossier, a été blessé par balles dans une cuisse et à la main dans l'assaut accompagné de trois détonations. Il a été soigné sur place avant d'être transporté à l'hôpital par les pompiers, escortés de policiers. "Ses jours ne sont pas en danger", a indiqué le procureur Michel Valet. Celui-ci précise : "Actuellement, son état est jugé très perturbé, incompatible avec une garde à vue".
L'homme avait une arme à balle en caoutchouc. Les deux otages, deux employés de cette succursale de la CIC, sont sortis "sains et saufs", a dit la direction de la banque. Une première otage, puis un seconde femme otage avaient été libérées par le forcené dans le courant de l'après-midi.
Aucun policier n'a été blessé dans l'opération. Au total environ 150 policiers faisaient partie du dispositif ainsi que les hommes du GIPN, groupe d'intervention de la police nationale venant de Bordeaux et Marseille.
Le forcené a été atteint par les hommes du GIPN. Blessé, il est parvenu à retourner dans l'agence où il a été interpellé, non sans avoir rassemblé ses forces pour tenter de mettre le feu, selon les premiers éléments de l'enquête.
7 heures d'angoisse
La prise d'otages aura duré environ sept heures tendues, dans un quartier de la Côte Pavée toujours marqué par l'affaire Merah.
C'est à quelques centaines de mètres seulement du lieu où Mohamed Merah est mort le 22 mars que les faits se sont déroulés dans une agence de l'avenue Camille-Pujol toute proche du centre-ville.
L'individu, qui se nommerait "Boumaza", est entré dans la banque vers 10H00, et a demandé de l'argent aux employés avec insistance, a-t-on appris de source policière. Il n'a pas été pris au sérieux et a sorti son arme, selon les premiers éléments d'enquête. Il a alors tiré un coup de feu.
Selon le procureur de Toulouse Michel Valet, le preneur d'otages affirmait agir non pas pour l'argent, mais uniquement par convictions religieuses. Pourtant le procureur de la République de Toulouse précisait dans l'après-midi que ses revendications étaient "floues et confuses". Il s'est réclamé d'Al-Qaïda, selon des sources policières. En fait, c'est une personne connue des services psychiatriques de l'hôpital Marchant. Il était "en rupture de traitement", a indiqué une source proche de Toulouse.
"Il n'avait pas l'air d'avoir peur"
La soeur de Fetih Boumaza, jointe au téléphone, a déclaré que son "frère avait la rage".
"Mon frère, qui a 26 ans, avait été placé à la Ddass quand il était petit, a la rage et a peur du monde extérieur", a-t-elle dit avant de se rendre sur place pour tenter une médiation.
Prévenue de la présence de son frère dans l'agence bancaire, elle l'a alors appelé sur son portable. "Il n'avait pas l'air d'avoir peur et il avait l'air bien", a-t-elle assuré.
Dans le quartier les parents d'élèves des écoles Jean Chaubet, ou la calandrette Armand Leygue ont été appelé afin de venir chercher leurs enfants sans les affoler. Pendant ce temps, certains élèves du lycée du Caousou passaient leurs épreuves de BTS à quelques mètres du lieu de la prise d'otages. Les autres élèves ont pu regagner leurs domiciles par le jardin de l'établissement.
La prise d'otages a suscité la stupéfaction dans ce quartier tranquille et plutôt aisé de petites maisons toulousaines, à nouveau investi par les forces de l'ordre et les journalistes trois mois après que le Raid eut mis fin le 22 mars à l'équipée sanglante de Mohamed Merah.