Toulouse : le braqueur solitaire est un Héraultais

Lionel Reinaudo, 28 ans, est souvent comparé à Arsène Lupin. Mais le voleur au bouquet de roses est aux Assises.

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Toulouse : un braqueur héraultais aux Assises

A Toulouse, le procès d'un arsène lupin des temps modernes. Ce braqueur, orignaire du Cap d'Agde, écumait banques et bijouteries un bouquet de roses à la main. Il est aujourd'hui devant les assises de Haute-Garonne.

Lionel Reinaudo, 28 ans, Héraultais, a dévalisé 25 banques et bijouteries de Toulouse à Monaco à visage découvert et avec des armes hors d'usage pendant ses 2 années de cavale après son évasion de prison. Ce braqueur calme et audacieux est jugé à partir de ce mercredi aux Assises de Toulouse.

C'est dans la principauté de Monaco, où la surveillance est réputée optimale, que Lionel Reinaudo réalise son dernier braquage, certainement le plus marquant. Il arrive avec un bouquet de roses à la main à la bijouterie Jasré le 30 mai 2007. Il menace le vendeur de son arme, le ligote et s'en va avec 600.000 euros (au prix d'achat) de marchandise après avoir fumé deux cigarettes et en laissant sur le comptoir un fusil à pompe à canon scié sans munition.

Il est arrêté sept mois plus tard, en janvier 2008, dans la station balnéaire de Villeneuve-Loubet, près de Nice.

En avril 2007, il braque deux bijouteries à Toulouse, dont la maison Bernadou, une des plus renommées de la ville. Il choisit un magasin dont la vitrine est masquée par un chantier. Il dit vouloir offrir un bijou et sort son arme une fois la vitrine déverrouillée. Il attache le bijoutier avec des menottes achetées la veille dans un sex-shop.

Lionel Reinaudo fait preuve d'une audace déconcertante.

Le 12 octobre 2006, il braque deux banques à Agde en l'espace d'une heure: la Société marseillaise de crédit, où il ne dérobe que 74 euros, puis une agence de La Poste.

A Revel (Haute-Garonne), il s'en prend deux fois à la même agence de la Société générale. La seconde, en janvier 2007, il attend une heure devant la salle des coffres, avec des employés retenus en otage, qu'un responsable arrive avec la seconde clé.

Quelques semaines plus tard, il paie sa note dans un hôtel de Toulouse avec des pièces de 2 euros provenant d'un braquage. Le gérant de l'établissement alerte la police, mais Reinaudo a quitté les lieux.

Voleur dès l'adolescence

Ses amis d'enfance l'avaient surnommé "chance" car il avait le don de passer entre les mailles du filet.

Dès l'âge de 12 ans, au Cap d'Agde, il volait car il ne voulait pas demander d'argent à sa mère, qui joignait difficilement les deux bouts. Le patron d'un magasin qui le pince pour vol lui propose de ne pas appeler la police s'il lui rapporte des cartes bancaires dérobées.

Ses victimes sont surprises par son calme. Il se fiche d'être filmé et opère sans gants ni cagoule. Il est généralement muni d'un gomme-cogne (arme tirant des balles en caoutchouc) et d'un sac.

Déjà condamné pour un rôle secondaire dans des braquages (9 ans), son évasion de la prison de Carcassonne fin 2005 après un an de détention (2 ans), des cambriolages sur la côte méditerranéenne (2 ans) et l'attaque de deux banques et une bijouterie (13 ans), Reinaudo, 28 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité devant les assises de la Haute-Garonne. Il devra y répondre d'une douzaine de braquages commis pendant sa cavale.

"Nous ne sommes pas dans le grand banditisme, insiste son avocat Emmanuel Tricoire. Il agit à la fois par nécessité, sans doute par jeu et tout ça dans une coursefolle dont il est persuadé qu'elle va mal finir".

Cet homme "a une forme d'honneur, un rejet absolu de la violence, à aucun moment il n'a été physiquement violent", assure l'avocat, tout en admettant que ses victimes aient pu souffrir d'une "violence psychologique".

Me Tricoire affirme qu'il n'a revendu les bijoux de Monaco que 15.000 euros et qu'il n'a pas de magot caché.

L'avocat de la bijouterie Bernadou, Me Xavier Ribaute, est "surpris qu'on n'ait retrouvé aucun butin" et qualifie les sommes tirées de la revente des bijoux de "complètement irréalistes".

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