Le robot Curiosity, qui doit se poser lundi sur Mars, sera en partie dirigé depuis Toulouse
Le robot américain curiosity devrait atterrir demain matin sur la planète Mars... et à son bord un instrument de mesure conçu par des ingénieurs toulousains
Toulouse attend avec anxiété l'atterrissage sur Mars lundi du robot américain Curiosity de la mission MSL, porteur d'un instrument scientifique mis au point dans un de ses laboratoires et qui sera en partie contrôlée du Centre
national d'études spatiales (Cnes).
"On est anxieux, on espère que tout va bien se passer", avoueAlain Gaboriaud,
chef de projet au Cnes des contributions françaises à MSL (Mars Science Laboratory).
Le succès de la mission est d'autant plus important pour la France que Curiosity
compte à son bord deux outils français, ChemCam et le chromatographe de SAM-GC,
des "instruments clés" selon M. Gaboriaud.
En outre, ce sera la première fois que des instruments posés sur Mars seront opérés
en direct de France, grâce à un centre dédié, le Fimoc (French Instrument Mars
Operation Centre). Ses opérateurs travailleront dans un premier temps au Jet Propulsion
Laboratory de Pasadena (Californie), puis au Cnes à Toulouse.
"C'est extrêmement important car c'est l'occasion d'être aux manettes des instruments
à partir de Toulouse et de nos laboratoires pendant toute
la mission", se réjouit M. Gaboriaud.
Dans un laboratoire de l'Irap (Institut de recherche en astrophysique et planétologie,
unité mixte de recherche du CNRS et de l'université Paul-Sabatier de Toulouse),
une équipe sera également sur les dents: la ChemCam (Chemical Camera), un outil
révolutionnaire d'exploration, y a été mise au point par l'équipe de Sylvestre
Maurice, astronome à l'Observatoire Midi-Pyrénées.
Composée d'un laser, d'un télescope et d'une caméra, ChemCam peut effectuer une
première analyse des roches et des sols autour du robot Curiosity jusqu'à environ
9 mètres. Cela permettra aux scientifiques de choisir à distance les cibles les
plus intéressantes et de diriger Curiosity vers elles pour des analyses plus approfondies.
"Rouler sur Mars est un cauchemar" à cause du sable ou du relief escarpé, rappelle
M. Maurice, en soulignant que sa caméra permettra d'éviter de nombreux kilomètres
inutiles en réalisant une première estimation à distance.
"On recevra les données et on aura deux heures pour savoir ce que l'on fera le
lendemain, pour reconfigurer le logiciel commandant au robot de se déplacer ou
de regarder une cible", explique-t-il.
Toulouse "vit" déjà sur Mars depuis février, dans sa Cité
de l'Espace. Dans l'exposition "Explorez Mars" (jusqu'en juillet 2013), un écran
égrène les secondes du compte à rebours jusqu'à l'atterrissage qui sera suivi en
direct dès 06H30 lundi sur plusieurs écrans disséminés dans l'établissement.
La retransmission des images de la Nasa sera commentée par des spécialistes du
Cnes, également diffusées sur le site de la Cité, www.enjoyspace.com.
Le clou de l'exposition est une "galerie de l'évolution des robots d'exploration
roulants", s'émerveille le directeur adjoint des programmes à la Cité de l'espace,
Philippe Droneau.
Dans un paysage martien sont présentées les maquettes grandeur nature des robots
mobiles ayant roulé sur Mars, du petit Sojourner (1997, 10,6 kg et à peine 600
gr d'instruments scientifiques) aux jumeaux Spirit et Opportunity (2004). Et bien
sûr le mastodonte Curiosity (900 kilos, dont 80 pour la science).
Les visiteurs peuvent manier à distance le mât portant ChemCam. Mais ils ne partagent
pas l'angoisse de l'astronome Sylvestre Maurice avant l'arrivée de Curiosity: ChemCam,
"c'est 20 ans de carrière, 10 avant l'atterrissage pour la préparation, et 10 après
pour les analyses. Lundi, ce sera blanc ou noir, mais pas entre les deux".