Le champion de France manque de lucidité et de maîtrise.
Rugby : la chute du Stade Toulousain
Le champion de France reste dans le carré de tête mais montre des signes d'essouflement.
Le Stade Toulousain reste certes dans le carré de tête du Top 14 (4e derrière Toulon, Clermont et Biarritz), mais a montré, lors de sa défaite face à Perpignan (34-20) samedi à Barcelone, des lacunes criantes.
Dans un stade de Montjuïc à moitié vide, les hommes de Guy Novès, dont l'ambition est de réaliser le doublé Coupe d'Europe-Championnat, ont, outre le passage à vide (cinq essais encaissés, dont 3 en 13 minutes), donné l'impression d'être peu concernés. Si Novès est toujours conscient que son équipe "se sait attendue à chacun de ses déplacements", les matches à Biarritz (défaite 22-17 le 1er septembre) et surtout à Montjuïc, où les Toulousains ont pris "la marée pendant toute une mi-temps", selon Vincent Clerc, ont étalé des limites peu habituelles.
Face à Perpignan, même avec un sursaut en seconde période, les coéquipiers de Dusautoir n'ont pas été capables d'aller chercher le bonus défensif; ce qu'ils avaient fait à Aguilera par un essai de Clerc. Un point précieux qui, "avec un peu plus de lucidité et de maîtrise", selon Yoann Huget, aurait redonné un peu de baume au coeur des Toulousains.
Le manque de fraîcheur a été criant durant la période où les Toulousains ont coulé. Pourtant, peu en verve contre Bayonne la semaine passée, les Perpignanais ont donné une leçon de réalisme et d'enthousiasme, une qualité dont manquent les champions de France.
Physiquement, certains joueurs, comme Clerc, Gilian Galan ou Christopher Tolofua, ont vite paru dépassés ou handicapés, tel Yannick Jauzion, touché au dos et vite remplacé. "J'ai eu le sentiment qu'on marchait, qu'on regardait jouer Perpignan", constatait le manageur.
A l'image de la mêlée, conquérante en début de rencontre et qui s'est étiolée au fil des minutes.
Devant un tel fiasco, entamé dès l'essai de Sid (3e), où les arrières ont paru dépassés, d'autres ont joué la carte personnelle au détriment du collectif.
"Dans un sport collectif, quand on joue les uns après les autres, ça donne un match comme cela", reconnaissait Huget en rendant cependant hommage aux Catalans.
Preuve de cette inconsistance, même le capitaine Dusautoir a été incapable de remotiver ses troupes. "L'envie et la virulence étaient du côté des Catalans", admettait Clerc.
Si Guy Novès a annoncé au soir de la défaite barcelonaise vouloir rebattre les cartes, ses choix seront parfois difficiles. Certes, certains joueurs étaient absents à Barcelone (Botha, Kakovin, auteur d'une bonne entrée contre Agen), mais la plupart des cadres avaient été retenus pour ce match délocalisé.
Les difficultés à gagner à domicile contre Castres et surtout contre le promu Mont-de-Marsan auraient déjà dû alerter l'encadrement toulousain, au sein duquel William Servat fait, dans la difficulté, ses premières armes d'entraîneur.
Quand se profilent un périlleux déplacement vendredi à Bayonne, en quête de points
pur s'extirper de la zone rouge, et une réception au Stadium de l'ogre toulonnais (quatre victoires en quatre déplacements), les Toulousains ont de quoi s'inquiéter.
"Beaucoup de travail nous attend", souligne Novès qui appelle à une remise en question collective... tout en atténuant son discours. "Tout le monde va se retrousser les manches", insiste-t-il.