Mariage gay ce samedi matin à Cabestany, un acte symbolique et militant pour Patrick et Guillaume.
Cabestany : mariage gay symbolique
Patrick et Guillaume ont été symboliquement mariés par le maire communiste de Cabestany (Pyrénées-Orientales), un acte militant pour que la légalisation du mariage homosexuel soit au coeur de la campagne présidentielle de 2012.
Patrick et Guillaume ont été symboliquement mariés par le maire communiste de Cabestany (Pyrénées-Orientales), un acte militant pour que la légalisation du mariage homosexuel soit au coeur de la campagne présidentielle de 2012.
Les deux hommes se sont embrassé après avoir échangé les consentements et les
alliances, après avoir laissé échapper quelques larmes.
Le maire PC de Cabestany Jean Vila a célébré le mariage en bonne et due forme,
mais l'acte de mariage et le livret de famille portent la mention "ce document n'a malheureusement pas de caractère officiel, la loi interdisant aujourd'hui le mariage entre personnes de même sexe, mais marque la volonté de la municipalité de voir la loi évoluer".
Le mariage homosexuel n'est pas légal en France alors qu'il est autorisé dans des pays comme l'Espagne, l'Islande ou l'Argentine. Le seul mariage gay célébré en France, à Bègles (Gironde) en 2004, a été annulé par la justice.
Pour ne pas courir ce risque, l'élu communiste, également vice-président du conseil général des Pyrénées-Orientales, n'a pas l'intention d'inscrire cette union au registre de l'état-civil. Techniquement, il pourrait le faire car il dispose de toutes les pièces administratives nécessaires.
Précaution légale ou faute de place dans la salle des mariages, la cérémonie a été célébrée dans le centre culturel Jean-Ferrat, au coeur de ce bourg de 9.000 habitants, et non à la mairie.
Le maire de Cabestany dit avoir reçu cette semaine un appel du parquet de Perpignan lui demandant de renoncer à la célébration.
"Je fais les choses légalement", a-t-il déclaré à l'AFP.
Sous une pluie de pétales de roses et devant de nombreuses caméras, les deux hommes
ont été acclamés par une foule de proches, d'invités et de responsables associatifs.
"Je suis heureux", a confié d'une voix émue Guillaume, artiste-peintre de 37 ans.
Son conjoint Patrick, directeur d'un laboratoire photo de 48 ans, marié pendant
dix ans, a une fille de 22 ans.
Au début de la cérémonie, Jean Vila a appelé les maires de France à célébrer des
mariages gays. "L'acte militant qu'ensemble nous avons décidé, personne ne pourra l'effacer, il doit être le début d'un nouvel espoir", a-t-il lancé.
En 2004, le maire écologiste de Bègles Noël Mamère avait inscrit le mariage sur les registres de l'état civil. Le mariage avait alors été annulé au terme d'une longue procédure judiciaire et M. Mamère avait été suspendu un mois de ses fonctions.
La secrétaire d'Etat à la Famille Claude Greff a dénoncé une "provocation électoraliste
à la veille de l'élection présidentielle" de la part du maire de Cabestany, une
initiative, qui ne fait que "crisper les positions".
Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate (PCD) et candidate à l'élection présidentielle a condamné cette célébration qu'elle a qualifiée d'"acte hors la loi" et de "provocation".
Caroline Mécary, avocate en droit de la famille qui milite pour que la France autorise le mariage gay, salue la démarche. "Cette célébration, même symbolique, participe au nécessaire questionnement sur la discrimination qui existe en France", estime-elle.
Elle regrette cependant que Jean Vila ne soit pas allé jusqu'à célébrer officiellemment le mariage comme l'avait fait Noël Mamère, le risque étant selon elle "limité".
Sur la même ligne, Noël Mamère s'est félicté, tout en relevant qu'un mariage sans inscription au registre de l'état civil "ne fait pas avancer le droit".
L'Interassociative lesbienne gay, bi et trans (Inter-LGBT) s'est indignée que Mme Greff puisse parler de "provocation" dénonçant le blocage d'une classe politique "alors que les Français y sont favorables".
Un projet de loi du Parti socialiste visant à inscrire le mariage entre personnes de même sexe dans la législation française a été rejeté en juin par l'Assemblée nationale, la plupart des députés de droite ayant voté contre.
Les partisans du mariage homosexuel reportent leurs espoirs sur les prochaines élections législatives. Si le PS et ses alliés l'emportent, le mariage gay pourrait être légalisé d'ici fin 2012.