La jeune femme comparaît pour vols et enlèvements violents de personnes vulnérables.
Malika Merabet, 38 ans, comparaît lundi devant les assises des Pyrénées-Orientales
pour vol de cartes bancaires et une série d'enlèvements violents de personnes vulnérables,
qui s'est achevée par la défenestration mortelle de l'un d'eux, en 2009 à Perpignan.
Cette femme a confié aux enquêteurs qu'elle se trouvait alors dans une mauvaise passe et que "faire du mal lui faisait du bien".
Dans le box des accusés, demain lundi, elle sera accompagnée de ses deux derniers compagnons:
Stéphane Lefebvre, 30 ans, et Laurent Le Dru, 44 ans. Le second est accusé comme
elle de la séquestration pendant trois jours, suivie de la mort, le 19 août 2009, de Philippe Rocquemont, 49 ans, qui avait mortellement chuté de la fenêtre de l'appartement de Malika Merabet, situé au deuxième étage.
Malika Merabet accuse Laurent Le Dru d'avoir poussé la victime, alors que Le Dru
affirme que l'homme séquestré s'est jeté dans le vide pour échapper aux sévices que le couple lui faisait subir. En revanche, ils reconnaissent tous les autres faits qui leur sont reprochés.
Cinq autres personnes, dont une femme, ont porté plainte pour enlèvement. Ils étaient en situation précaire, handicapés physiques ou mentaux, SDF ou dans une situation de grande fragilité. Deux autres séquestrations -pour lesquelles il n'y a pas eu de dépôt de plainte- sont reprochées à Malika Merabet.
Le but de Malika Merabet et de ses complices successifs était de dérober aux victimes
leur carte bancaire et d'en obtenir le code. Pour cela, ils droguaient les victimes et les frappaient en cas de résistance.
Malika Merabet, mère de neuf enfants de sept pères différents, tous placés, était enceinte à cette époque. Elle n'a jamais travaillé et vivait d'allocations et de l'argent dérobé.
Son avocat, Me Etienne Nicolau, met en avant une enfance difficile. Violée par son père et ses frères, elle a été placée, ballottée de foyer en foyer.
"C'est une affaire exceptionnelle par la quantité de victimes et par le fait que les gens, attirés dans un piège, se sont fait voler des centaines d'euros, et ont été traumatisés. Au départ, elle propose un hébergement, ensuite, ça se transforme en séquestration. C'est une affaire dramatique pour les victimes et pour ma cliente", estime-t-il.
L'avocate de Laurent Le Dru, Me Cécile Parayre, décrit elle aussi un contexte de grande misère et dépeint l'accusée comme "une femme qui a de gros problèmes psychologiques, une manipulatrice", ajoutant que son client était "sous son emprise". Quant à leur dernière victime, Philippe Rocquemont, "compte tenu des pressions exercées, il a préféré sauter que subir les violences de Malika Merabet et M. Le Dru".
Laurent Le Dru, qui avait vécu de petits boulots jusqu'en 2006, avait déjà été emprisonné, pour des violences sur sa mère.
Me Caroline Marty, avocate de la famille du défenestré, souligne que Philippe Rocquemont était fragilisé par ses problèmes d'alcoolisme. Elle rappelle que Malika
Merabet et Laurent Le Dru, qui encourent la réclusion criminelle à perpétuité, ont d'abord maquillé en suicide la mort de Philippe Rocquemont, qu'ils avaient notamment battu avec des câbles.
Le procès doit s'achever le 27 mars.