Interrogé ce mardi sur sa jeunesse avant les faits de mars 2012, le principal accusé a notamment expliqué pour quelles raisons il avait été surnommé "Ben Ben" dans son quartier, sans lien avec des notions religieuses ou jihadistes a-t-il expliqué.
"C'est un surnom qui m'a collé à la peau", explique, finalement un peu penaud, un Abdelkader Merah au second jour de son procès devant la Cour d'assises spéciale de Paris, répondant au président qui l'interroge sur les raisons qui font qu'il était surnommé "Ben Ben" en rapport avec Ben Laden dans son quartier des Izards à Toulouse.Le président l'interroge :
Lors des attentats du World Trade Center à New-York, j'avais moins d'une vingtaine d'années. Je n'étais pas musulman, je ne connaissais rien à l'islam. J'étais malheureusement un petit délinquant, je fumais du shit, et j'ai passé trois jours dans le quartier à crier "Vive Ben Laden". Je ne me rendais pas compte de ce que je faisais. Finalement ce surnom m'est resté, il m'a collé à la peau.
"- Est-il vrai que l'on vous appelait le Grand Ben Ben et votre frère Mohamed le Petit Ben Ben ?
- Oui, mais c'était juste parce que j'étais le plus grand et lui le plus jeune".
Abdelkader Merah décrit ensuite un environnement familial heureux, jusqu'à la séparation de ses parents. Une relation de confiance avec son père, Mohamed Merah (il porte le même prénom que son troisième fils). Dans la famille son surnom c'était "Kader".
Un petit délinquant très jeune, un anti-social
Après le divorce de ses parents, il décrit une famille en "guerre", une situation "chaotique". Mais le président rappelle aussi les signalements des services sociaux et le rapport d'un psychologue sur l'enfant Abdelkader : un enfant qui ne reconnaît pas l'autorité, qui voit le monde "comme un ring où il faut se battre". Il est décrit comme un ado cherchant la bagarre, auteur de rackett, violent, non-respectueux, capricieux, qui vole et trafique.Un enfant intelligent, qui n'exploite pas son potentiel, parce qu'il est anti-social.
"Notre mode de vie"
Lors de cet interrogatoire, qui porte sur son enfance, sa jeunesse et ses origines (il sera interrogé plus tard sur son engagement religieux), Abdelkader Merah a aussi tenté d'expliquer comment se déroulait la vie familiale.S'adressant au président, il défend à plusieurs reprises "notre mode de vie, différent du votre", notamment à propos du mariage de sa soeur Aïcha, un mariage auquel il s'était opposé : "elle ne m'avait pas prévenu de son mariage, c'est un manque de respect. Je ne voulais pas l'empêcher de se marier mais on ne fait pas comme cela".
Une relation fusionnelle avec sa mère
Il décrit aussi sa relation particulière avec sa mère, "la femme de ma vie" avait-il dit pendant l'instruction. "Une mère ça ne se remplace pas, alors qu'une femme on peut se remarier" avait-il ajouté.A l'audience, il précise sa relation avec Zoulikha Aziri : "C'est une femme parfaite".
Mais durant son adolescence, plusieurs rapports sociaux font état de violence envers sa mère. "Je n'ai jamais frappé ma mère" dit-il à l'audience.