Pas de liaison Internet fiable à Nîmes pendant les quatre jours de la feria, impossible donc de mettre quoi que ce soit en ligne! Heureusement (façon de parler), il ne s'est rien passé de rare. Sauf les faenas de Juan Bautista et Perera.
Il faut mettre à part la novillada de vendredi. Pablo Aguado, Leo Valadez et surtout Andy Younès ont tout mis en œuvre pour offrir un spectacle varié. Leur compétition à la cape, chacun rivalisant d'audace pour recevoir le toro ou proposer un quite, a enchanté le public. Mais laissé de marbre le jury de la Cape d'Or qui a choisi de ne pas atribuer le trophée, en raison sans doute du pauvre jeu offert par les novillos de Parladé.
La feria a d'ailleurs été marquée par la médiocrié du bétail. Garcigrande, Daniel Ruiz, Torrealta, Zalduendo, Juan Pedro Domecq, les plus fameuses ganaderías espagnoles, celles que les figuras réclament (exigent même, peut-être), ont envoyé à Nîmes des animaux au mieux chétifs et au pire invalides. La rencontre entre ces animaux dociles et des toreros à la technique ultra maîtrisée génère une impression de monotonie à l'opposé des émotions que les aficionados old school viennent chercher aux arènes.
Sébastien Castella, sans fraîcheur; El Juli, filandreux; Ponce, gêné par le vent; Manzanare, périphérique; López Simón, chaotique; Roca Rey, mécanique. Les vedettes du moment ont étalé leur très grand savoir et ont même coupé des oreilles. Leurs faenas ont provoqué très peu de olés et beaucoup d'applaudissements. Car le bienveillant public de Nîmes continue d'apprécier ces figures millimétrées enchaînées avec une dextérité sans doute jamais atteinte dans l'histoire de la tauromachie.
Les nouveaux venus, José Garrido, Álvaro Lorenzo, Gines Marín et Jonhatan Varea paraissent n'avoir de cesse que d'imiter leurs glorieux aînés. Et ils y parviennent tellement bien qu'on a parfois l'impression de voir en une corrida six fois la même faena. Peut-être cette feria marque-t-elle le début d'une nouvelle époque dans l'histoire de la tauromachie.
David Mora, de retour en piste après la grave blessure d'il y a deux saisons, a offert deux faenas de belle allure. Morante de la Puebla, très à l'aise dans son personnage d'artiste imprévisible, n'a rien offert du tout.
Les amateurs d'une approche plus traditionnelle de la tauromachie (il en reste beaucoup) garderont sans doute le souvenir de deux faenas.
Celle de Juan Bautita, le samedi matin avec un toro de Torrealta et la musique d'Ennio Morricone.
Et celle de Miguel Ángel Perera le lundi avec Limpiador de Daniel Ruiz.