Avant de se suicider, lundi, Francisco Benitez, le père et mari des deux disparues de Perpignan, a adressé un courriel à ses collègues militaires. TF1 s'est procuré la lettre, dans laquelle il explique se sentir "abattu", "à bout de forces" et avoue son pessimisme quant à l'issue de cette affaire.
Selon nos confrères de TF1, le courriel aurait été écrit, le jour du tournage de la vidéo, envoyée à Paris-Match.
"Mon colonel, mes amis". C'est ainsi que commence le message électronique rédigé par Fransisco Benitez, le père d'Allison et le mari de Marie-Josée Benitez, toutes deux disparues depuis le 14 juillet, et adressé à ses collègues avant son suicide.
Dans ce courrier, le légionnaire d'origine espagnole revient sur les trois semaines qui ont suivi la disparition de sa fille et de son épouse."Depuis plus de trois semaines ma fille Allison et ca mère son disparu de une façon inquiétant
Avec la radio les medias nous avons fait une vaste diffusion pour les recherches et pour l'instant le travail de la police ne donne rien
Le plus dure, ce comme de habitude d'écouter certains critiques des abrutis sans savoir rien de ma vie prive
Cette après-midi et pour première fois je contacte paris match pour la diffusion de une vidéo, vous verrez un autre Benitez et pas celui que vous connaissez
Je me sens abattu et sans force puisque ce trois semaines, sont été très dure à tenir
Je tien a vous remercier mon Colonel pour le soutien que vous avez voulu m'apporter
Mais mon optimiste a cessé d'exister", puisque nous avons que trois semaines ce trop dans des cas pareil et vue les circonstances
Je vous demande svp de pas me juge, mais je suis vraiment au but de mes forces
Souvenez-vous tout simplement du Benitez que vous connaissez".
A la fin de sa lettre dactylographiée, Fransico Benitez communique enfin les coordonnées de son frère à son supérieur hiérarchique pour que ce dernier puisse le prévenir.
"Désolé pour cette dure tache", écrit-il avant de demander à être incinéré à Perpignan. Il signe d'un"Adc Benitez", adjudant chef Benitez.
Disparues de Perpignan et Nîmes: la grande énigme
Qu'est-il advenu d'Allison, Marie-Josée et Simone ? Sans doute rien de bon, redoutent les enquêteurs. Ils mettent tout en oeuvre pour que le fait divers de l'été ne prenne pas sa place dans l'anthologie des grandes énigmes policières.
Une affaire sans crime, sans auteur, sans victime En l'état actuel - et sauf à ce que les disparues de Perpignan et Nîmes réapparaissent après presque un mois et bientôt neuf ans de silence -, l'affaire a beaucoup d'élèments pour prétendre à son émission télé sur les retentissantes affaires criminelles.
Sauf qu'il n'y a pas de crime avéré. Et si crime il y a, où sont les victimes ? Et qui faire entrer comme accusé ? Le témoin numéro un des disparitions, le légionnaire Francisco Benitez, s'est pendu en clamant son innocence.
Sa fille Allison et sa femme Marie-Josée Benitez n'ont plus donné signe de vie depuis le 14 juillet. Ces disparations en ont fait resurgir une autre, celle de Simone de Oliveira Alves. Elle était la maîtresse de Francisco Benitez en 2004 à Nîmes. Toutes trois se sont volatilisées du jour au lendemain.
Pour les policiers, l'hypothèse criminelle ne fait plus guère de doute. Mais pour l'instant l'enquête sur Allison et Marie-Josée reste une enquête de disparition.
Celle sur Simone vient d'être rouverte sous une qualification criminelle.
Des personnages de roman policier
Une jolie jeune femme de 19 ans aux rêves de Miss France, un légionnaire, une mère de famille bafouée, une serveuse brésilienne: cette distribution n'est pas étrangère à l'engouement pour cette affaire.
Le légionnaire en particulier, dernier témoin connu des trois disparitions, est au coeur des investigations. "Le suspect numéro un, c'est lui", disait samedi une source proche de l'enquête. Des états de service apparemment remarquables au front. Croix de guerre, médaille militaire. A Perpignan, une personnalité respectée, un engagement remarqué dans les actions sociales. Une "gueule" aussi.
Et puis un passé trouble. Une maîtresse quand il était à Nîmes et déjà père d'Allison.
Une autre quand il était à Perpignan. Elle vit en Espagne et c'est à elle qu'il a passé son dernier coup de fil.
Et, chez les proches des disparues, des interrogations sur le passé de Francisco Benitez avant la Légion, grande institution qui efface les fautes des siens.
Depuis le 14 juillet, les rebondissements de l'affaire ont alimenté la chronique en pleine torpeur estivale: la vidéo-testament de Francisco Benitez, son suicide en uniforme, la découverte de son passé et de ses liaisons.
En toile de fond des disparitions de Perpignan: l'élection de Miss Roussillon, à laquelle Allison comptait bien concourir.
Malgré sa disparition, malgré le désistement d'un membre du jury qui trouve impossible la tenue du concours dans de telles circonstances, la compétition aura lieu dimanche à 21 heures au Barcarès. "The show must go on", disent les organisateurs.
Des policiers sur les dents
Les policiers n'ont pas retrouvé Simone il y a neuf ans et le dossier a été refermé. Quand ont été signalées tardivement les absences d'Allison et Marie-Josée, ils ont commencé par les envisager comme celles de deux majeures parmi des milliers d'autres qui décident de disparaître chaque année.
Si crime il y a eu, son ou ses auteurs ont eu beaucoup de temps pour escamoter des preuves.
Mais les policiers ont mis tous leurs moyens depuis que les disparitions de Perpignan ont pris toutes les apparences de n'être pas volontaires, a fortiori quand l'ancien compagnon de Simone a fait pour eux le rapprochement avec l'affaire de Nîmes, dans laquelle Francisco Benitez avait été entendu comme témoin sans être inquiété.
Les policiers décortiquent les ordinateurs et les portables dont ils disposent. Ils épluchent un à un les appels et messages envoyés ou reçus par Francisco Benitez et par d'autres. Ils reconstituent au plus près les emplois du temps, notamment ceux de Francisco Benitez, en 2013 mais aussi en 2004. Ils s'intéressent aux terrains militaires proches de Nîmes et Perpignan, dont Francisco Benitez était un assidu. Ils cherchent la trace éventuelle d'achats servant à faire disparaître des corps.
Lundi ils devaient entendre des proches et des témoins dont les noms apparaissent dans les deux procédures.
Mais, disait samedi une source proche de l'enquête, "pour l'instant nous n'avons rien" sur le sort d'Allison et Marie Josée, "je pense hélas qu'on s'achemine vers une issue malheureuse".